Top 14 : le manager de l’USAP, Franck Azéma, veut désormais "des actes"
Gilles Navarro
La désillusion biterroise, où l’USAP n’a jamais pu trouver la clé pour faire sauter le verrou montpelliérain, est passée. Il faut désormais regarder vers Castres, samedi, pour réagir et montrer un tout autre visage que celui affiché à Béziers. C’est la mission de Franck Azéma et de son staff.
Un éternel recommencement. Ce Top 14 est impitoyable. Alors que l’on pensait que l’USAP se trouvait à l’abri d’un violent trou d’air, après une fin de saison dernière enthousiasmante, et un premier match à Bayonne abouti, l’équipe de Franck Azéma est retombée dans ses travers samedi dernier à Montpellier. Conquête défaillante, agressivité perdue dans le combat, choix discutables au moment de meubler le tableau d’affichage, on n’a pas reconnu le groupe catalan. Et personne ne s’y attendait, pas même son staff, qui n’a rien vu venir après une semaine de travail satisfaisante. Le match débriefé, la colère froide de Franck Azéma, qui n’a pas mâché ses mots à la fin du match de Béziers –
"J’ai honte !", "ils nous ont défoncés…" - retombée, il convient de se tourner désormais vers la suite. Chacun avait des choses à exprimer, c’est fait.
La suite, c’est un déplacement difficile à Castres, face à une équipe revancharde après la défaite concédée sur sa pelouse de la saison passée (13-17).
"La défaite contre Montpellier évacuée, raconte l’entraîneur perpignanais
, la question a été : comment l’avaler ? Comment la digérer ? Et comment s’en servir ? Ça ne sert à rien de ressasser. Si je pleurniche toute la semaine, je ne vais pas avancer, et le groupe ne va pas s’améliorer. Dès lundi, on s’est dit ce qu’on avait à se dire. Maintenant place aux actes. L’important, c’est ce que nous allons faire lors du prochain match à Castres. C’est une chance, on rejoue samedi ! On n’aura pas le temps de se lamenter. À nous de saisir cette chance."
"Se remettre en question"
Les vieux démons du début de saison passé peuvent-ils resurgir ? Azéma les balaye d’un revers vigoureux.
"Franchement, si tu essayes de reproduire ce qui a été positif, ou d’effacer ce qui fut négatif par le passé, tu te trompes, enchaîne-t-il
. On a une expérience de la saison passée, et on ne veut pas la revivre ! Si tu ne sais pas te remettre en question, tu es mort ! Bien sûr qu’après une défaite comme celle de Béziers, tu repars avec de la frustration, de la colère ou de la déception. Mais ce qu’il faut, c’est savoir comment tu relèves la tête, comment les joueurs vont performer à nouveau. Savoir quelle va être la réaction du groupe. C’est notre quotidien, au staff et à moi, de trouver les bonnes réponses et d’apporter des solutions."
Pour autant, la recette miracle n’existe pas. Dans ce Top 14 ultra concurrentiel, où tout est remis en question avant chaque journée –
"je trouve le niveau encore plus élevé en ce début de saison" -, où chacun connaît les points forts et les points faibles de ses adversaires, il faut avant tout pouvoir se reposer sur quelques certitudes.
"Comment maîtriser son rugby, voilà la question, poursuit Franck Azéma.
Je ne peux pas vous dire aujourd’hui ce qu’il faut faire. Contre Montpellier, on savait ce que l’on voulait faire et on s’est trompé. Est-ce un problème de comportement, de compréhension des consignes, d’attitude ?" Et l’entraîneur catalan de prendre l’exemple du futur adversaire de son équipe.
"Castres aurait pu gagner à Toulon… Ils perdent à la dernière minute (30-28) après un essai tardif des Toulonnais et une transformation du bord de touche (réussie par Enzo Hervé)
… Mais la semaine précédente, ils gagnent en toute fin de rencontre (31-28) après un exploit de leur ailier (Ambadiang)
alors qu’ils étaient en train de perdre face au Racing… Un résultat, on le sait, dépend du cumul de petites erreurs qui, ajoutées les unes aux autres, font basculer un résultat. Nous en avons commis quelques-unes contre Montpellier."
Il sera demandé aux leaders de prendre leurs responsabilités à Castres.
"Il est important de comprendre tous ensemble ce qui s’est passé, ce qui a fonctionné ou pas, conclut Azéma.
Quand stratégiquement, tactiquement tu accumules les erreurs, tu perds un peu de ta confiance et tu en donnes à l’adversaire." Les bases du jeu catalan, celui pratiqué à Bayonne en tout cas, sont bonnes. Elles doivent être la rampe de lancement pour des attaquants qui ont du feu dans les jambes mais n’ont guère eu l’occasion de l’activer à Béziers. Montpellier doit rester un accident de parcours. À l’USAP de rectifier le tir à Castres.
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Devaux vers l’opération
Coup dur pour la première ligne catalane, qui a perdu trois éléments avant même la mi-temps contre Montpellier. Le talonneur Seilala Lam, toujours aussi généreux, a été victime d’un mauvais coup en plaquant Nouchi (35e), dont il a déjà pratiquement récupéré. Pietro Ceccarelli, sonné dans un choc (22e), n’avait pas récupéré lorsque Franck Azéma choisit de le rempacer par Brookes. Mais le plus durement touché fut Bruce Devaux. La recrue au poste de gaucher a dû quitter ses coéquipiers (36e), se tenant l’épaule droite après une mêlée écroulée.
"Après avoir passé les examens, il devra malheureusement se faire opérer, explique Franck Azéma.
Son indisponibilité devrait entre trois et quatre mois." On ne reverra pas le pilier gauche, arrivé de Toulon cet été, avant 2025.