Top 14 : "Je veux aider Franck Azéma à relever le défi qu’il s’est fixé pour l’USAP", annonce Kieran Brookes, le nouveau pilier droit sang et or
Gilles Navarro13/08/2024 à 16:36
Kieran Brookes a porté à 16 reprises le maillot du XV de la Rose. L'INDEPENDANT - MICHEL CLEMENTZ
Le pilier droit anglais n’a pas hésité longtemps à rejoindre Perpignan, lorsque Franck Azéma, son ancien entraîneur à Toulon, lui a demandé de venir participer au projet de reconquête de l’USAP. Son expérience peut être un atout pour la mêlée catalane.
À Stoke-on-Trent, ville universitaire où il est né, Kieran Brookes, nouveau pilier droit de l’USAP, aurait pu rêver jouer au football, comme son illustre aîné Sir Stanley Matthews, l’un des plus fameux footballeurs anglais, natif lui aussi de la Cité des potiers. Il aurait pu d’autant mieux que son club formateur, Fylde RC, devint un club de rugby par hasard. L’homme d’affaires qui le créa, en 1919, décida de son futur en lançant une pièce en l’air. Pile, il fondait une équipe qui jouerait avec un ballon ovale ; face, ce serait du football… Ce hasard fut une aubaine pour le petit Kieran, talonneur à ses débuts avant de glisser à droite de la mêlée. International avec les moins de 18 ans irlandais, pays d’origine de sa mère, il bifurqua vers le XV de la Rose des moins de 20 ans,
"parce que je vivais en Angleterre, et que je me sentais plus Anglais qu’Irlandais.."
Avec Jamie George et Mako Vunipola, le nouveau pilier du RC Vannes, ils formaient une redoutable première ligne. La carrière de Brookes est sur de bons rails. Repéré par Newcastle, il débute en Premiership à 20 ans à peine, fête sa première cape internationale à Dunedin, face aux All Blacks, joue la Coupe du monde 2015 en Angleterre, participe au Grand Chelem des Anglais dans le Tournoi l’année suivante (15 sélections au total*). Il joue pour les Wasps, en difficulté financière, lorsque Toulon vient le recruter, en 2021. Il découvre la Rade, le soleil méditerranéen et… Franck Azéma.
"J’ai de suite aimé son enthousiasme, son approche du rugby, sa passion, explique Kieran Brookes.
Lorsque Franck est parti, en 2023, j’ai terminé mon contrat avec le RCT. Mes deux garçons, Biley et Alfie, sont nés à Toulon ! Puis Franck m’a appelé pour me présenter le projet de l’USAP. Je n’ai pas hésité longtemps." À bientôt 34 ans, il les fêtera le 29 août prochain, Kieran Brookes maîtrise mieux les subtilités du rugby français et commence à parler quelques mots de la langue de Molière.
Dans le cercle fermé des Baa Baas
En attendant de rejoindre Perpignan, il est devenu un Baa Baas britannique le 22 juin dernier. Il était à Twickenham pour participer à la fête du rugby face aux Fidjiens (45-32), et vivre le jubilé de Sam Whitelock, l’ex-capitaine des Blacks.
"Ce fut un week-end formidable, raconte-t-il.
Porter le maillot noir et blanc des Baa Baas est un honneur. Ce genre de match vous récompense de tous vos efforts, vous fait accomplir un rêve de jeune joueur d’une école de rugby : celui de jouer de grands matches dans des endroits mythiques."
La récréation terminée, il a repris le chemin de l’entraînement, au Parc des Sports du Moulin-à-Vent. Il y a sué à grosses gouttes par des températures caniculaires, avec au bout un objectif :
"Aider Franck à relever le défi qu’il s’est fixé pour l’USAP !" Il sait que l’USAP a été l’une des surprises de la fin de saison dernière.
"Ils auraient pu se qualifier pour les play-offs, assure-t-il.
Il leur a manqué peu de choses. On va essayer de confirmer. Et puis avec le soutien d’Aimé-Giral, que je connais pour y avoir joué avec Toulon, on peut se transcender…"L’an passé, justement, il inscrivit le dernier essai toulonnais, celui du bonus défensif varois, en fin de rencontre (26-22).
"À Perpignan, le public est enthousiaste, dit-il.
Sur chaque action de son équipe, il la porte, la transporte. On sent la passion descendre des tribunes. J’aime ça ! Avec Toulon, dès que nous faisions une faute, on entendait les fans gronder, rugir… C’est vrai que j’ai inscrit le seul essai de ma saison ici. Mais j’espère en marquer d’autres sous le maillot perpignanais, cette fois-ci !"
En concurrence pour le poste de droitier avec l’Italien Pietro Ceccarrelli et le Sud-Africain Nemo Roelofse, belle surprise de la saison passée, il est prêt à relever le challenge.
"Dans ce Top 14 concurrentiel, si exigeant, si relevé, où tout le monde est capable de battre tout le monde, même sur terrain adverse, il est bon d’avoir de la profondeur sur le banc, d’être en concurrence avec des garçons de très haut niveau. Le tien ne peut que s’élever."
Il a assimilé les subtilités de la mêlée "à la française", plus roublarde, plus agressive qu’en Angleterre.
"Au début, j’ai eu du mal à m’adapter, avoue-t-il
. En Angleterre, les arbitres étaient plus tatillons. Mais aujourd’hui, c’est bon, j’ai compris la mentalité en Top 14." Installé en famille du côté de Sainte-Marie, où ses garçons profitent pleinement des joies de la mer, Kieran Brookes est prêt à vibrer pour l’USAP. De Toulon, il lui restera un souvenir inachevé… Sur sa cuisse gauche, il arbore un énorme tatouage représente la Promenade des Anglais, à Nice, non terminé…
"J’étais chez le tatoueur lorsque le téléphone a vibré, raconte-t-il
. Ma femme, enceinte, perdait ses eaux. J’ai arrêté la séance pour la conduire à la maternité !" Peut-être ajoutera-t-il le Canigou sur le morceau de cuisse libre ?
* Avant lui, Perry Freshwater, l’entraîneur néo-zélandais des avants catalans, avait lui aussi porté le maillot anglais (10 sél.) et participé à une Coupe du monde (2007).