Top 14 : Jake McIntyre, l’ouvreur de l’USAP, en mode patron
Depuis le début de la saison, le demi d’ouverture australien de l’USAP est celui qui a le plus joué cette saison. Il a pris ses responsabilités, dirigé le jeu de l’USAP, animé le jeu offensif. Et assumé son statut de leader. Il s’est régalé !
Jake McIntyre n’oubliera pas de sitôt sa deuxième saison sous le maillot de l’USAP. L’ouvreur australien a géré à la perfection une année compliquée. Il y eut tout d’abord le départ au Racing 92 de son ami et guide Tristan Tedder, avec qui il formait un duo d’une grande efficacité. L’arrivée de Franck Azéma ne le déstabilisa pas outre mesure.
"C’est lui qui m’avait fait venir à Clermont, en 2019*, rappelle-t-il
. J’étais content de le retrouver et lui aussi. Ça m’a fait bizarre de le revoir à l’entraînement…"
Franck Azéma et le staff perpignanais lui ont donné les clés du camion catalan. La nouvelle recrue Tommaso Allan, sélectionné avec les Italiens en Coupe du monde, Jake McIntyre savait qu’on allait lui demander beaucoup. Dans l’animation offensive, le jeu au pied, le leadership, il devait passer devant. Ce qu’il fit naturellement.
"Je suis devenu un leader du groupe, avoue-t-il.
Et ça me plaît. Je n’ai pas besoin que l’on me donne des responsabilités pour en prendre. Lors du premier match de la saison, contre le Stade Français, on m’a même confié le brassard de capitaine… J’en ai éprouvé beaucoup de fierté."
Malgré un début de saison compliqué, il est devenu l’un des joueurs clés du système Azéma.
"Franck me laisse beaucoup de liberté, dit-il.
Et lorsque je prends des initiatives sur le terrain, je sais que l’équipe est derrière moi. Elle me suit. C’est rassurant, mais je conçois le rugby ainsi. Il faut le jouer en tentant des choses…" Épargné par les blessures, toujours partant, il a enchaîné les matchs. Inlassablement. Avec 1 630 minutes de temps de jeu au compteur, il a passé près de 27 heures sur les terrains de Top 14 cette saison ! N’en éprouve-t-il pas une forme de lassitude ?
"Pas du tout, réplique-t-il.
Si je m’écoutais, je jouerais tous les matchs, du début à la fin… Et si je joue beaucoup, c’est qu’on me fait confiance. Je fais partie de ces joueurs qui ont besoin de temps de jeu pour trouver le bon timing, le rythme. Plus je joue, et mieux je me sens."
"Je dis que je m’appelle Jacques…"
Jake McIntyre avoue n’avoir jamais douté de l’équipe cette saison. Même après les quatre défaites initiales des quatre premières journées.
"C’était compliqué, concède l’Australien.
Mais nous avions fait une belle préparation. Malgré les défaites, Franck est resté confiant sur le système qu’il voulait mettre en place. J’ai beaucoup discuté avec lui et "Zaza" (Marty)
sur le rôle qu’ils voulaient que je tienne, ma responsabilité dans le jeu et en dehors… Et j’ai joué les trois premières journées avec une côte cassée…"
Il reprit aussi le tee du buteur.
"Pendant les deux mois de trêve de la Coupe du monde, j’ai travaillé mon jeu au pied avec Jacques-Louis Potgieter. La saison passée, je n’avais pas trop eu le loisir de peaufiner les coups de pied, la technique. Je savais que lorsqu’il reviendrait du Mondial, Tommy (Allan)
redeviendrait le buteur de l’équipe. Surtout après son 100 % comme buteur avec l’Italie en Coupe du monde. Quand il est revenu, son intégration s’est faite facilement. Il faut dire qu’il avait déjà porté le maillot de l’USAP (2013-16) et qu’il a retrouvé dans le staff des types avec qui il avait joué…" Il se marre avant de poursuivre : "Avoir deux numéros 10 sur le terrain n’est pas un handicap. Quand l’un des deux tente quelque chose, l’autre est d’accord et adhère."
La saison touche à sa fin. Et pour l’ouvreur de l’USAP, le meilleur reste à venir.
"Il nous reste deux matches pour réussir quelque chose… Samedi, nous affronterons une équipe de l’UBB qui vise le Top 6, avec sa ligne de trois-quarts internationale, et ses facteurs X. On va pouvoir s’étalonner. Est-on capable de jouer dans le Top 6 ? Ou non ? C’est pour des moments comme ceux-là que nous jouons au rugby. Le maintien en Top 14 c’est bien, mais nous avons l’ambition de faire mieux. Surtout contre l’une des meilleures équipes de notre championnat. On ne va rien lâcher. Mais ça, c’est dans l’ADN de l’USAP. Ne jamais avoir peur, ne jamais rien lâcher. J’adore ! Si tu perds mais que tu as tout donné sur le terrain, tu peux accepter la défaite."
En attendant de défier Bordeaux, Jake McIntyre savourera son bonheur de vivre à Perpignan. En famille.
"Ma fille va rentrer en maternelle la saison prochaine, à Canet. Elle est mon professeur de français. Quand j’appelle le fils de Tom Ecochard, Martin, elle reprend ma prononciation : "Papa, on dit Mar-ten, pas Mar-tine."
C’est pour ça que lorsque je réserve une place au restaurant, je me fais appeler Jacques… Si je prononce Jey-ke, sûr qu’ils ne me comprennent pas…"
"Jey-ke" aimerait goûter au bonheur d’une fin de saison couronnée de succès, pour terminer la saison en mode patron. Celui qu’il est devenu à Perpignan.
* Pour pallier à la sélection du demi d’ouverture clermontois Camille Lopez, retenu pour la Coupe du monde 2019 au Japon.