Partie 2 – Sondage des entraîneurs : "Je crois au retour d’un gros", juge Cédric Heymans
L’ancien ailier international a réagi à notre sondage. Il se montre globalement d’accord avec le vote des entraîneurs, même s’il voit le Racing et Bayonne plus haut que ne l’indiquent les votes.
Quelle est votre réaction à notre sondage ?
La première place de Toulouse ne me surprend évidemment pas. Ça aurait pu être plus équilibré, mais il est normal que sur si peu de votants, les Toulousains se détachent. Comment ne pas les citer, au nom de leur gestion des doublons et du calendrier aussi en faisant jouer des jeunes joueurs sur certains matchs, avec succès en plus ? Ils ont gagné ainsi à Clermont et à Montpellier. Ce n’est pas rien. Pour le titre, je vois ensuite Bordeaux en bon challenger. Je ne reviens pas sur la finale de la saison passée, car ils m’avaient paru très émoussés. Mais je les vois capables de faire une super saison et je trouve qu’ils ont envoyé un bon message, à travers leurs matchs amicaux.
Le sondage des entraîneurs de Top 14. Midi Olympique
Si l’on observe les résultats de notre sondage, on voit une forte présence du trio La Rochelle-Toulon-Stade français en finale ou en demie. Comprenez-vous pourquoi ?
Sur un plan général, je crois au réveil d’un gros. Je pense évidemment à Toulon, La Rochelle mais aussi au Racing. Et je me pose la question de savoir comment va se comporter le Stade Français. Sera-t-il capable de poursuivre sur sa lancée de la saison dernière ? Je serai aussi très attentif à la saison de tous ces clubs qui sortent d’une saison correcte, mais pas exceptionnelle. Je me dis qu’ils seront obligés de se réveiller. La Rochelle est un exemple évident. Clermont aussi, et on peut même inclure Castres.
Visiblement, vous placeriez le Racing un peu au-dessus du résultat de notre vote ? Puisque les Ciel et Blanc ne sont jamais cités comme finalistes ou champions, et seulement deux fois en tant que demi-finalistes…
Je pense que le Racing est obligé de faire une grosse saison. Ils ne peuvent pas, économiquement et stratégiquement, se permettre de ne pas répondre présent au rendez-vous. Mais je constate que dans l’esprit des votants, on commence à se dire qu’il est normal qu’ils ne soient pas cités très haut…
On constate aussi que Toulon est souvent cité aux places les plus flatteuses…
Ils ont eu du mal à démarrer la saison passée. Mais j’ai été marqué par leur montée en puissance jusqu’à la qualification, la première depuis longtemps. Je pense que le travail de Pierre Mignoni y est pour quelque chose. Ils vont s’appuyer sur un collectif très complet, très costaud, ils viennent aussi de s’imposer à Clermont en match amical et j’y vois un signe fort. Je les vois au minimum quarts de finaliste à domicile, mais plutôt demi-finalistes directs.
Quid de Perpignan, peu cité vers le haut malgré son année 2024 si brillante ?
Ah, les fougueux Catalans ! Je reste sur cette impression magnifique due au travail de Franck Azéma et de David Marty. Que serait-il arrivé, s’ils n’avaient pas manqué leur début de l’été 2023 ? Les votants imaginent peut-être qu’ils vont être plus attendus… Ils ne seront plus une surprise. Il en va des clubs comme des jeunes joueurs, qui se révèlent d’une façon fracassante : l’année suivante, ils doivent confirmer mais ils sont nettement plus attendus et surveillés par leurs adversaires. C’est ce qui peut expliquer leur position.
Que penser de Bayonne, un de vos anciens clubs, cité plus souvent pour le barrage de maintien que pour les barrages du Top 6 ?
C’est étonnant. Moi, je suis influencé par leur longue période d’invincibilité à Jean-Dauger. C’est le genre de choses qui compte, qui vous motive mais qui excite aussi les adversaires. Je l’ai vécu, d’ailleurs. Avec Toulouse, on se disait que si on cartonnait dans nos trois premiers rendez-vous, les adversaires ne viendraient plus avec leurs meilleures forces. Quand j’étais à Bayonne, on se disait déjà : ne perdons pas les premiers matchs chez nous, surtout contre les gros et après, tout sera plus facile. En plus, avec l’arrivée de Segonds, ils ne seront plus dans une certaine dépendance de Camille Lopez.
Personne ne voit Clermont mieux que quart de finaliste battu. Et vous ?
Ça ne m’étonne pas. Ils ne sortent pas de leur meilleure saison. Christophe Urios a pourtant essayé de les piquer. Mais quel manque de constance... J’ai l’impression que, comme Toulouse à une époque, ce club vit un virage générationnel, avec un retour à la base pour redémarrer.
Vannes recueille quasiment tous les suffrages pour la relégation directe. Est-ce vraiment une surprise ?
La marche est tellement haute… Je dis ça alors que j’ai toujours adoré ce club. J’y suis allé plusieurs fois pour des raisons professionnelles et j’y ai passé des bons moments, devant de bons matchs. Ils ont essayé de recruter, avec par exemple Mako Vunipola qui, avec son expérience, aidera à gagner des matchs serrés. J’espère vraiment qu’ils ne vivront pas une saison comme Agen il y a quelques années.