Héroïque face à Montpellier le week-end précédent (23-16), la défense de l'USAP a pris l'eau, samedi dernier à Bordeaux (défaite 46-22). Et permis aux trois-quarts de l'UBB de réussir un festival offensif, magnifié par le quadruplé de Damian Penaud. Quel visage présentera-t-elle à La Rochelle samedi (17 h).
La phrase est pleine d'un humour... caustique. Après la bouillie bordelaise proposée par une défense catalane aux abonnés absents, Franck Azéma n'a pas cherché de faux-fuyant. "Personne ne portera plainte contre nous pour nos plaquages. On ne sera pas cité cette semaine..." La commission de discipline est restée au chômage technique USAP après le match à Bordeaux... Mais le staff perpignanais aurait préféré défendre quelques dossiers. Les chiffres parlent tout seul : 33 plaquages manqués sur 106, 69 % de réussite (1) sur l'exercice, il doit s'agir d'un (triste) record. Celui d'une inefficacité que l'on n'attendait pas. Surtout après la performance contre Montpellier à Aimé-Giral où l'USAP avait construit son succès sur une défense efficace.
Mais à Chaban-Delmas, les intentions sont restées au vestiaire. Face à une ligne d'attaque internationale, riche des Penaud, Moefana, Jalibert ou Bielle-Biarrey, les Perpignanais sont restés spectateurs. Et c'est bien cette attitude-là qui a agacé le staff catalan. 34-5 à la mi-temps, un quadruplé pour Penaud dont c'était le premier match devant son nouveau public de Chaban-Delmas.
"Sur la première mi-temps, on aurait dit un match à toucher..." Azéma est d'autant plus agacé que l'équipe n'a pas tenu les promesses faites avant la rencontre en Gironde. "C'est bien ce qui nous embête, poursuit Gérald Bastide, l'entraîneur de la défense. On a baissé les bras trop vite. Ce n'est pas notre visage. Nous sommes restés en dessous de nos standards. On considère que, pour bien exister dans un match, il faut 55 % de plaquages réussis au-delà de la ligne d'avantage et 87 % de réussite sur l'activité défensive. À Bordeaux, nous étions à 47 % et 75 %. Insuffisant pour espérer gagner ou ramener un résultat positif. Après, c'est un cercle vicieux... Quand tu laisses trop manœuvrer ton adversaire, lui prend confiance et toi tu la perds. Sur le premier essai, après deux minutes de jeu, tu es déjà sous pression." La paire de demis Lucu-Jalibert, sentant la fragilité adverse et voyant les défenseurs de l'USAP monter moins rapidement, a mordu à pleines dents dans la défense catalane.
Tomber, se relever
Il faut réagir. Et vite. La pelouse de La Rochelle n'est pas idéale pour se remettre la tête à l'endroit. "Mais le haut niveau, surtout dans les sports de combat, quand tu te tombes, tu dois te relever, prévient Bastide. Prenez l'exemple de Teddy Riner, il gagnait tout, il est tombé et s'est relevé. Dans le combat, quand tu as un genou à terre, il faut réagir, sinon tu ne t'en relèves pas. Nous sommes comme notre public. Après un mauvais match, on passe une mauvaise semaine. Personne n'a bien vécu la défaite de Bordeaux. Lundi, mardi, les joueurs et le staff n'avaient pas le sourire. On a tous vécu un début de semaine difficile. Mais tout le monde s'est remis au travail. Montées défensives plus rapides, agressivité sur les plaquages, attention décuplée sur les retours intérieurs. Quand tu prends une claque, tu dois te remettre en question. On peut expliquer les défaites mais surtout ne pas les accepter..."
Le déplacement rochelais montrera si l'USAP a effacé de son disque dur les mauvaises sensations, les attitudes passives ressenties à Bordeaux. "On doit retrouver notre fierté, conclut Gérald Bastide. Et notre engagement dans le secteur défensif. Lorsque tu ne le fais pas, comme face à l'UBB, le match te paraît plus dur, très long..." Perpignan ne joue pas dans la même cour que Toulouse, Bordeaux ou La Rochelle c'est une évidence, mais elle doit faire preuve de force mentale pour exister... ou pas. Franck Azéma a parlé de courage pour espérer réussir un résultat à l'extérieur. L'USAP sait qu'elle devra glaner quelques points précieux loin d'Aimé-Giral pour se tirer d'affaire. Elle devra se montrer courageuse à Deflandre comme elle le fut à Toulouse, mais certainement pas à Bordeaux. "Contre l'UBB, notre engagement était absent complètement et quand tu joues à Perpignan, tu n'as pas le droit d'avoir ce visage-là...", a martelé l'entraîneur catalan à ses joueurs. Ils doivent une revanche à leur staff. Mais surtout à eux-mêmes.