Top 14 – "Ce sont des clubs où tu ne peux pas tricher" : USAP – Toulon, sur les bords de la Méditerranée, les identités converges
Paul-Roch Bruneton27/11/2024 à 18:46
Guilhem Guirado était titulaire à Montjuic, en 2011, dans une ambiance folle contre Toulon, en H-Cup. Maxime Mermoz n'était pas sur la feuille de match de l'USAP lors de cette victoire.MAXPPP TEAMSHOOT - PHILIPPE ROUAH
Ce samedi (21 h 05), Perpignan reçoit Toulon à Aimé-Giral. Le premier grand rendez-vous des Catalans à domicile cette saison face à une équipe proche de l’USAP. De l’identité, aux valeurs, en passant par la ferveur, Guilhem Guirado et Maxime Mermoz, tous deux partis de Perpignan pour la Rade, racontent ce qui lie ces deux clubs historiques.
Deux équipes. Deux identités. Et des destins croisés. Les heures de gloire contemporaines de l’USAP et de Toulon n’ont jamais vraiment concordé. Quand les Catalans visaient les sommets, Toulon se refaisait une santé en Pro D2 et venait de retrouver le Top 14. Quand le RCT dominait l’Europe avec ses superstars, l’USAP connaissait la crise en deuxième division. Seul le quart de finale de Coupe d'Europe, le 9 avril 2011, à Montjuic, à Barcelone, remporté 29-25 par les Catalans fait office de dernier vrai choc. Un sacré souvenir, qui en dit long sur l’affiche...
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Mais il n’en reste pas moins deux clubs historiques, avec sept boucliers de Brennus pour l'USAP et quatre pour Toulon. Et deux clubs méditerranéens qui représentent bien plus que de simples maillots qui jouent à la balle ovale.
"Il faut prendre conscience que, dans les deux clubs, on joue pour un département entier, pour des gens qui sont très attachés à leur club, pas simplement pour nous, les joueurs, raconte Guilhem Guirado, ancien talonneur de l’USAP (2006-2014) et de Toulon (2014-2019).
À Perpignan et autour, le rugby est très bien ancré. Dans le Var, c’est autre chose. Le RCT prend une autre dimension parce qu’il permet en quelque sorte à son département d’exister, de se démarquer, au milieu des Bouches-du-Rhône et des Alpes-Maritimes, sur des terres plutôt de football."
Une pression récurrente et galvanisante commune
"Ce sont deux clubs qui ont une vraie histoire et une vraie passion. C’est dans leur ADN, rebondit le trois-quarts centre Maxime Mermoz, à l’USAP de 2008 à 2012, puis au RCT entre 2012 et 2017.
Avant de changer de club, je me demandais : "Si je gagne avec cette équipe, comment ça peut être ?" Et, forcément, quand on se projette de la sorte, des clubs comme Perpignan et Toulon donnent envie d'y signer, plus que le Stade Français ou Montpellier, sans leur manquer de respect, qui m’ont un temps sollicité."
Et le trois-quarts, qui a soulevé un Brennus avec les sang et or et un autre avec Toulon en plus de trois Coupes d’Europe, se souvient de moments qu’il n’aurait pu voir nulle part ailleurs :
"Pendant la phase finale ou avant de gros matches, sur les bus, au lieu de la destination et du numéro de la ligne, il pouvait y avoir un mot de soutien pour le club !" Des moments uniques, mais qui peuvent être perturbants.
"Les gens dans la rue nous rappellent très souvent qu’on va jouer un match important, confie Guilhem Guirado.
Et ces gens-là, on les retrouve le week-end au stade. Donc ça met forcément une pression. Une pression positive, je trouve. Mais certains peuvent s’écrouler parce que ce n’est pas aussi intense de partout." "C’est une énergie galvanisante", estime quant à lui Maxime Mermoz.
Quand on arrive dans ces clubs, on devient un soldat, on est en mission pour l’équipe.
Une ferveur commune. Mais, de manière intimement liée, un ADN également proche.
"Ce sont des clubs où un mauvais résultat peut être pardonné si tu as réussi à marquer l’adversaire, si tu as été présent dans les points de rendez-vous, et que tu as su mettre une sorte de férocité sur la pelouse", rapporte le talonneur cérétan. Une preuve supplémentaire que l’USAP et le RCT incarnent plus que le rugby en soi. Autour, règne une réelle fierté. Une identification à ce qu’il se passe sur le pré.
"Gagner ou perdre n’est pas une finalité en soi. Tout donner, être présent pour l’équipe, se donner à fond pour les gens qui sont prêts à faire des sacrifices pour payer leur abonnement au stade est le vrai objectif. Bernard Laporte, à Toulon, le répétait à chaque match. Avec Perpignan, ce sont deux clubs où tu ne peux pas tricher, c’est interdit, surenchérit le trois-quarts centre aux 35 sélections.
Dès qu'on arrive dans ces clubs, on devient un soldat, on est en mission pour l’équipe."
Des atmosphères similaires et galvanisantes. Qui aident, aussi, les joueurs à s’intégrer quand ils sont familiers à ces pressions-là.
"Passer de l’USAP à Toulon, ou l’inverse, est facile pour s’intégrer. On se sent pris par les mêmes choses. C’est important pour les joueurs. Pierre (Mignoni)
et Franck (Azéma)
façonnent ça à leur manière pour créer un vrai groupe", analyse l’ancien capitaine des Bleus. Des passerelles faciles pour les joueurs, mais aussi pour les supporters. Eux, ne changent pas de camp, mais ils
"aiment faire les chemins inverses pour les USAP-Toulon", sourit Guilhem Guirado, qui
"en fait partie". Ce samedi soir (21 h 05), à Aimé-Giral, ça devrait être encore le cas. La fête devrait être belle. L’engagement et l'intensité sur la pelouse seront sans doute élevés. Du moins, si les deux équipes jouent avec leur ADN profond.