Samedi à 17 heures à Aimé-Giral, l'USAP reçoit son ennemi historique, le Stade Français. À l'aller, les Catalans s'étaient lourdement inclinés (52-3) et les conséquences de cette rencontre se font encore ressentir aujourd'hui. Pour ce match retour, ils n'ont pas le choix, il faut gagner pour ne pas sombrer...
Stade Jean-Bouin, Paris, samedi 8 octobre. Le début des problèmes pour l'USAP. Lors de cette sixième journée du Top 14, les Catalans, qui restent sur deux succès intéressants à domicile (Toulon et Castres), débarquent dans la capitale avec l'envie de faire un coup. Si le staff a décidé de faire un peu tourner, afin de préserver quelques cadres, l'équipe, sur le papier, est loin d'être indigne. En face, Paris ne va pas très bien. Le début de saison n'a pas été formidable (2 victoires et trois défaites, comme l'USAP) et surtout, les joueurs ont appris dans la semaine, via la presse, l'arrivée, la saison prochaine, après la Coupe du monde, de Laurent Labit et de Karim Ghezal, ce qui devrait avoir pour conséquences de pousser vers la sortie un staff en place pourtant sous contrat. Tout est réuni pour que des Catalans, encore fâchés par le scénario de la fin de saison 2021-2022 (le Stade Français avait lourdement perdu, lors de la dernière journée, à domicile contre Brive, permettant ainsi aux Corréziens de se sauver et envoyant l'USAP en acces-match), fassent un coup.
Oui mais voilà, tout n'est pas toujours si simple. En ce début d'automne dans la capitale, le Stade Français s'était déchaîné. Contre Perpignan, qui avait fait une prestation indigente, les Parisiens l'avaient emporté 52-3, marquant au passage huit essais et infligeant ainsi à Perpignan
la plus large défaite de son histoire. Après la rencontre, ils avaient clairement fait comprendre qu'ils avaient voulu répondre, sur le terrain, aux propos de
"l'ennemi" catalan en fin de saison dernière, mais aussi défendre leurs entraîneurs. Depuis, ils n'ont pas cessé d'avancer, au point d'être,
à l'aube de cette 16e journée de Top 14, deuxièmes du classement...
Deux matches pour s'en remettre
Pour l'USAP, ce match aller contre le Stade Français est loin d'être anodin. Ce rendez-vous n'était pas une défaite comme les autres. Loin de là. Car perdre ainsi contre un ennemi "historique", a déclenché la colère de quelques anciens, mais aussi, et surtout, d'une partie des supporters catalans. Sur les réseaux sociaux, ceux-ci s'en sont donné à cœur joie, au point de déstabiliser fortement une équipe qui a eu du mal à s'en remettre. Qui ne s'en est d'ailleurs peut-être même pas remis vraiment. Dans la foulée de cette rencontre, l'USAP a perdu deux rencontres importantes : contre Clermont, à domicile, et à Bayonne, en toute fin de rencontre. Deux matches qu'elle aurait pu, qu'elle aurait dû gagner et des points qui manquent cruellement au classement aujourd'hui.
En novembre, après la fin du premier bloc de 10 matches en autant de semaines, face à la colère des réseaux sociaux et de certains supporters qui grondaient, estimant que le club n'évoluait pas, Patrick Arlettaz avait répondu par l'affirmative à la question de savoir si les réactions après cette rencontre avaient eu des répercussions sportives. "Oui. On a mis trop de temps à se relever. Je n'ai pas de réseaux sociaux. Je ne regarde pas. Je ne fais pas tout ça. Vous savez tous la relation que j'ai avec les joueurs, je les aime beaucoup. Je peste contre eux quand ils vont chercher des compliments sur ce genre de réseaux, et en même temps je peste quand je les vois touchés par les critiques à la hauteur de ce qu'ils l'ont été après le Stade Français. Ils ont été touchés doublement, d'abord parce qu'ils ont fait un mauvais match et qu'ils avaient des critiques méritées... Mais je n'ai aucun respect pour les gens qui critiquent violemment, sous couvert d'anonymat. Ils ont touché mes joueurs et on a galéré comme des fous pour s'en remettre. Ça nous a demandés, au staff et aux leaders, une énergie folle pour revenir dans les clous. Donc oui, je pense qu'on a perdu des points à cause de ça."
La révolte ou le mur
Les dernières défaites, ne sont évidemment pas directement liées à la défaite, et à ses conséquences, contre le Stade Français en octobre. L'USAP, après sa phase compliquée, a d'ailleurs regagné deux fois à domicile depuis (contre Lyon et Bordeaux), mais les points abandonnés dans la foulée du déplacement à Paris, manquent cruellement aujourd'hui. Et à l'heure d'accueillir les Parisiens, et donc de boucler un tour complet, les Catalans sont face à leur destin ce samedi. Soit ils se révoltent et tournent une page, qui n'a été ouverte que trop longtemps, soit ils s'enfoncent et se rapprochent un peu plus inexorablement de la Pro D2.
Guilhem Richaud
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