PRO D2
Patrick Arlettaz (USAP) : "Je n'arrive pas à m'y résoudre"
En cas de saison « morte », le statu quo pourrait prévaloir. Le coach de l’USAP, qui souhaiterait une reprise du championnat, se dit « frustré ».
L’USAP en Top 14 ? Une perspective qui s’assombrit de plus en plus. Voilà pourquoi l’entraîneur Patrick Arlettaz, à l’image des présidents des clubs de Top 14 et de Pro D2, se prononce en faveur de la poursuite de la saison, suspendue pour cause de pandémie de coronavirus. Tous souhaitent rester à 30 clubs la saison prochaine quoi qu’il arrive.
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Deux scénarios
Depuis le 18 mars, la LNR a créé trois groupes de travail, sportif, économique et réglementaire, pour amorcer une riposte face aux conséquences de la crise sanitaire. Un temps évoquée, la possibilité de mettre un terme à la saison 2019-2020, suspendue jusqu’à nouvel ordre, a été balayée.
Pour l’heure, deux scénarios tiennent la corde : maintenir la finale du Top 14 le 26 juin, avec un calendrier resserré ou bien la déplacer au 18 juillet. Le comité directeur de la LNR se réunira le 7 avril pour prendre les premières décisions en fonction de l’évolution de l’épidémie.
Mais en cas de « saison morte », le statu quo pourrait s’imposer. Et l’USAP, leader de Pro D2, devrait reporter ses ambitions d’un an. Un renoncement terrible pour Arlettaz et les sang et or.
Soit la frustration est destructrice, soit elle devient un moteur
Patrick, en quel scénario croyez-vous ?
On ne sait pas si on va finir la saison ou pas. Je sais très bien qu’il y a beaucoup de chances pour qu’on ne reprenne pas mais, tant que rien n’est officiel, j’y crois encore. Le gel de la saison pourrait accoucher d’un statu quo en termes de montées/descentes. Perpignan, leader de Pro D2, serait la première victime.
C’est très frustrant, même si on n’a pas le droit de se plaindre. Ça tombe mal car on était dans une bonne dynamique. On a toujours voulu jouer notre chance à fond pour monter, c’est notre objectif depuis le début de saison. Renoncer à ça, c’est difficile pour nous. Après, on n’en voudra à personne si la décision de tout annuler était prise. C’est la fatalité. Il sera toujours temps de discuter des modalités. On peut imaginer un statu quo en tenant compte de la saison en cours, avec un système de bonus/malus, on verra bien. Le problème, c’est qu’on a fait beaucoup d’efforts, on est passé par des moments très difficiles pour s’accorder le droit de disputer des phases finales et là, tout s’arrête brutalement alors qu’on était bien parti.
Tout ça pour rien ?
Non. L’histoire d’un groupe est aussi faite d’aléas, ce n’est jamais pour rien. Les grandes déceptions, comme notre défaite à Rouen par exemple, ont toujours une utilité. Car après ce match, l’équipe a changé de visage.
Quelles répercussions redoutez-vous ?
Les joueurs sont tous dans le même état d’esprit, ils sont frustrés car ils ont fait beaucoup d’efforts rugbystiques, physiques et humains. La problématique est toujours la même : soit la frustration est destructrice, soit elle devient un moteur. Au nous de faire que ce soit un moteur.
La crise actuelle, peut-elle accoucher d’un nouveau calendrier mondial ?
Je ne sais pas. Sport d’hiver ou d’été, cette question va se poser pour l’ensemble du sport mondial. Il y a le calendrier mais aussi l’économie du rugby. On sait très bien par expérience et au regard de l’histoire qu’on n’a pas encore toutes les clés et données nécessaires pour tout anticiper. Quelles répercussions, quels enseignements ? C’est trop tôt pour le dire.
L’heure est donc à la frustration.
Oui, en sachant qu’elle arrive au deuxième plan derrière la détresse mondiale de cette maladie. Mais on peut être légitimement frustrés. Toute cette période est extrêmement complexe.
Peut-elle bien se terminer ?
Je n’arrive pas à me résoudre à une fin de saison, j’ai encore envie de rêver à des phases finales disputées sur un mois et que l’année prochaine on soit quinze équipes en Top 14 et quinze en Pro D2, J’ai envie de croire en ça.
Et sur le front des transferts ?
Ça ne travaille pas tant que ça pour la simple raison du manque de visibilité économique. On nous demande de baisser la masse salariale car la projection sur la saison prochaine est incertaine. Quel impact aura l’après-Covid-19 sur les entreprises, les partenaires, l’économie locale ? Tout le monde est à l’arrêt, il est difficile de faire des propositions. On avait des contacts qu’on a mis en suspens. Car les promesses qu’on peut faire, on doit être sûre de les tenir.