Lanta est toujours là
SU Agen - Christian LANTA, Manager de l'USAP
SU Agen - Christian LANTA, Manager de l'USAP
Nous n'avons jamais eu à subir les foudres de Christian Lanta. Pas plus que nous avons recueilli un jour ses confidences. On connaît des confrères dans chaque camp. Pourtant, en 2006, jeune journaliste au Midi Olympique, alors que son premier départ du SUA avait été annoncé quelques mois auparavant et que nous assistions à l'une de ses dernières conférences de presse à Armandie, nous avions été irrémédiablement attirés par lui, comme un aimant, pour lui dire notre reconnaissance. Avec le recul, cet élan nous paraît un peu fou. Il en serait sûrement de même pour les coachs et managers qui ont eu à croiser notre carnet de notes depuis. Douze ans plus tard, Christian Lanta nous inspire toujours la même perception. Le premier mot qui nous vient à la bouche, ce n'est pas charisme, mais bien magnétisme. Au-delà de ses coups de gueule, évoqués ci-dessous par quelques-uns de ses anciens grognards agenais, au-delà de ses connaissances sur le jeu et les hommes, mises en exergue par son véritable binôme, Christophe Deylaud, l'actuel manager de l'USAP ne nous a jamais tant impressionnés par ses paroles, qui noyaient souvent le poisson face à la presse, que par son regard. Il n'est pas donné à tout un chacun d'électriser une assistance et de la tenir en haleine .
Quel diable !
On a revu récemment la scène, lors d'une conférence de presse, la veille de la demi-finale du Top 14 entre Castres et le Racing 92 à Lyon, en mai dernier. Ce jour-là, l'acteur se nommait Christophe Urios, mais c'est surtout sa mâchoire et son phrasé qui obnubilaient son public. Chez Christian Lanta, il y a évidemment la moustache, mais surtout le regard. Un regard que l'objectif des photographes ne saisit jamais vraiment. Celui d'un gourou capable d'hypnotiser son interlocuteur ? On ne jurerait pas le contraire, mais surtout celui d'un homme qui a fait sienne la science du management. On prête bien sûr l'oreille à ceux qui nous expliquent depuis quelques jours que Christian Lanta n'a pas la même importance à l'Usap qu'il avait au SUA. Que ce n'est pas lui qui a le pouvoir sportif en Catalogne mais Patrick Arlettaz, l'entraîneur en chef et enfant du pays. On sourit gentiment à tous ces commentaires car, à la vérité, Christian Lanta est toujours là. La preuve, après avoir hanté de longues années encore les vestiaires d'Armandie, il y sera bien de retour cet après-midi pour tenter de jouer un vilain tour au Sporting Union Agenais. On se méfie d'autant plus de lui qu'on se dit que tout ce qui s'est passé cette semaine du côté d'Agen pourrait bien avoir servi ses intérêts pour inverser la pression, après la large défaite à Aimé-Giral la semaine dernière, au moment de parler à ses troupes. Heureusement Christian Lanta n'a que 66 ans, il en aurait eu 666, nous aurions pu parler du chiffre du diable. Encore que, si on ajoute celui des Pyrénées Orientales…
CHRISTOPHE DEYLAUD : «Christian était papa poule et père fouettard à la fois»
Il était difficile de commencer ce tour d'horizon des hommes ayant travaillé avec Christian Lanta, sans aller à la source. Celle de Christophe Deylaud, bien évidemment. Alors que son nom commençait à circuler dans les médias pour remplacer Mauricio Reggiardo, sans que le directeur sportif de Blagnac n'ait reçu aucun coup de fil du SUA, il a élégamment accepté de nous parler de celui avec lequel il forma l'un des plus fameux duos de coachs à Armandie : «Christian, c'est un mec de confiance. Nous avons travaillé dix ou douze ans ensemble ! Ce fut un vrai plaisir. Bien que, depuis tout jeune, j'avais une âme d'éducateur et d'entraîneur, c'est lui qui m'a mis le pied à l'étrier ! Je lui dois beaucoup de choses même si on sait les difficultés qui sont les miennes aujourd'hui à retrouver une place dans le rugby professionnel. Il y avait une vraie osmose entre nous. Nous sommes restés proches. Il ne se passe pas une semaine sans qu'on s'appelle ou qu'on se voit. Il ne faut pas oublier qu'à la vérité, Christian est un Toulousain ! Son père a vécu à Blagnac. Son frère vit à Beauzelle. Nous partageons les mêmes valeurs pour notre sport. Nous avons un engagement total dans ce qu'on fait. Christian, c'est un fort caractère. Il impose ses valeurs, son savoir, au détriment parfois de son franc-parler. Il ne fait pas toujours les choses avec tact mais il sait aussi reconnaître ses erreurs. Sa force, c'est qu'avec sa fierté, il peut transcender des mecs. Ses connaissances et la crainte qu'il inspire aux joueurs lui permettent de réussir ses objectifs. Il oscille donc entre le «papa poule» et le «père fouettard». Pour ceux qui jouent, il passe donc pour un bon mec. Pour ceux qui n'adhèrent pas, ça sera un enfoiré. Une chose est sûre, il a un œil avisé sur tout. Il avait d'autres compétences qui n'ont pas été assez exploitées. Je pense à la gestion d'une sélection. Cela lui aurait correspondu. Il l'a prouvé en devenant champion du Monde universitaire en 1996, mais on a trop vite oublié ce résultat.»