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LA CHRONIQUE D'ELS DE P@RIS : AU VENT MAUVAIS (USAP-ASM, 13e journée)

Els de P@ris

USAPiste bavard
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1 Août 2012
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Une semaine après son petit miracle varois, l’USAP retrouvait donc sa cathédrale pour une nouvelle étape de son terrible marathon de fin d’automne, et pas la moins redoutable. Se profilait en effet le terrible vaisseau asémiste, lancé en ce moment à pleine vitesse, comme le Métro Racing vient d’en faire les frais, et ce malgré les doublons du mois de novembre qui ne semblent pas avoir déstabilisé un effectif riche et un collectif parfaitement enraciné (trop dans certains cas, mais cela ne concernait pas un match comme celui de ce vendredi…). De notre côté, sans avoir la pléiade d’internationaux de nos invités du soir, la tournée d’automne avait quand même éparpillé notre effectif façon puzzle, entre blessures, suspensions, fatigues en tous genres. Et comme l’USAP ne possède pas deux équipes de haut de tableau Top 14, la tension sur l’effectif semblait paradoxalement plus palpable de notre côté.
Bien sûr, on pouvait s’imaginer qu’entre la tournée internationale et le retour de la H Cup la semaine prochaine, nos adversaires auraient un peu de mal à fixer un cap résolu vers la Catalogne, d’autant que le pillage complet du vaisseau francilien leur avait assuré un riche butin (avec un seul T) en points. Et on a déjà vu, ne serait-ce que l’an dernier, tout le bénéfice qu’on pouvait tirer de rencontrer de telles armadas juste avant le basculement vers un autre objectif majeur.
Cependant, la richesse du banc adverse comparé au notre ne laissait aucun doute : il allait falloir se mettre à l’abri assez rapidement, pour éviter que la tempête ne souffle en fin de match et ne nous emporte irrémédiablement. Et dans ce stade Aimé-Giral où la tramontane faisait geler tout le monde et faisait sonner le stade un peu creux, on espérait que nos joueurs allaient tout de suite poser les fondations d’un succès que même une tornade jaune et bleue ne pourrait pas abattre.

Au coup d’envoi, tout un stade attendait donc d’être réchauffé par les siens, et de ne plus penser aux courants d’air du stade en voyant ses joueurs s’engouffrer dans les lignes adverses comme le vent dans une petite rue. Hélas, Mike Delany nous rappelait immédiatement d’une percée plein champ que ce soir-là, la meilleure attaque rendait visite à une des pires défenses du Top 14, et que c’était nous qui risquions bien plus le coup de froid que des Auvergnats plus habitués aux frimas qui plus est. L’action se terminait heureusement, et James Hook profitait d’une première faute pour enquiller trois points, mais le revenant Julien Malzieu faisait à son tour souffler un vent de panique dans notre ligne, sans conséquence funeste heureusement, et avec la même punition infligée par notre Gallois peu de temps après.
Avertissements sans frais donc, mais qui avaient tendance à se multiplier, Rougerie faisant claquer les portes de notre défense après un départ du petit nouveau Samoan (d’un profil qui manque cruellement à notre équipe d’ailleurs). Cependant, les Auvergnats manquant de souffle au moment de conclure, on se rassurait comme on pouvait, notamment avec une mêlée qui semblait faire tanguer son adversaire.
Mais comme souvent, c’est au moment où on s’y attendait le moins que la foudre nous frappait : sur une mauvaise passe d’un Guitoune bien mal inspiré vers des centres placés on ne sait comment, Nakataici n’avait qu’à ramasser et à courir. Après toutes ces actions d’envergure avortées, l’ASM scorait sur un essai à zéro passe, où nos joueurs lui avaient bien gentiment ouvert la porte. Initiatives malheureuses, respect approximatif des consignes, placement hasardeux, tous ces défauts récurrents de notre équipe se payaient cash. Si on ajoutait à cela les blessures successives de Narraway et Marty (déjà que la défense tanguait), on pouvait se dire que la tramontane soufflait doublement contre notre équipe…
Pourtant, et comme souvent, c’est face à ce fort vent de face que nos joueurs décidaient de réagir : d’abord par un Camille Lopez toujours aussi inspiré offensivement qu’en délicatesse avec sa défense, qui créait le décalage et donnait une balle d’essai, hélas relayée en avant par James Hook. Ensuite par sa mêlée, portée par deux piliers déracinant leurs vis-à-vis : l’épreuve de force durait de longues minutes, deux Clermontois étaient éjectés du terrain, ce qui n’était pas sans rappeler un match de funeste mémoire en 2002… Mais cette fois, l’essai de pénalité venait récompenser l’énorme débauche d’énergie de nos joueurs, qui reprenaient enfin le score.
On pouvait penser que l’USAP allait se mettre sous le vent et attendre de passer la bouée de la mi-temps avec une avance de 6 points intéressante. Hélas, elle trouvait le moyen d’être prise en défaut à 15 contre 13 et prenait 3 points. Mais plus grave, car ces trois points étaient vite récupérés, elle perdait la pierre angulaire de son pack, avec Romain Tao sur le flanc. Et quand arrivait la mi-temps, si l‘USAP avait un petit matelas, toutes ces blessures, ainsi que les fragilités de la défense ne nous rassuraient pas sur sa capacité à résister en cas de gros temps en fin de match…

Et quand le second acte commençait, ces réflexions, loin d’être balayées par une tram qui soufflait désormais dans le dos de nos protégés, nous revenaient en pleine face, alors que nos deux piliers, artisans de notre avance, sortaient prématurément, au moins pour Giorgi Jgenti. Et alors que Vern Cotter faisait rentrer ses internationaux, une bonne mêlée à 5 pour nous soulignait que dès la 50e minute, le vent avait complètement tourné dans ce secteur. Hélas, il n’y avait pas que dans celui-ci… Portés par ce sang à la fois frais et bleu, les Auvergnats commençaient à nous infliger de longues rafales de pick and go, face auxquelles le verrou usapiste, même s’il ne s’ouvrait pas comme une porte de saloon, grinçait de plus en plus fortement. Et après une première alerte suite à laquelle nos joueurs avaient été incapables de se dégager, Thierry Lacrampe finissait le travail de ses avants pour faire courir un frisson glacé dans le dos du public, d’autant que sur le renvoi, Malzieu jouait les tornades jaunes et manquait de sceller le sort du match.
Pourtant, au plus fort de la tempête, nos individualités nous permettaient de trouver un second souffle : une première offensive de Guitoune manquait d’envoyer Mjekevu à l’essai, un Rougerie décidément en jambes lui grillant la politesse in extremis. La suivante était la bonne, notre serial scorer mettant toute la défense adverse dans le vent pour un essai rattrapant sur le plan comptable son erreur du début de match. Et comme Delany ratait son renvoi, on se disait que vraiment, le vent avait tourné. Hélas, nos joueurs ne faisaient rien d’autre que de rendre le ballon aux Jaunards qui n’en demandaient pas tant : ils grappillaient d’abord 3 points, avant de relancer leur machine infernale : le navire USAP tanguait de tous les côtés, l’eau rentrait de partout, et c’est en toute logique que Julien Malzieu allait chercher la récompense de son match plein après ses mois de galère…
On n’osait même plus espérer de réaction, nos joueurs semblant complètement éteints, et en effet, la dernière banderille était auvergnate, les Jaunards ayant même la gentillesse de ne pas souffler trop fort pour nous laisser le point de bonus défensif et ne pas faire s’effondrer toute la maison…

Pour l’USAP, ce match était un cap, un tournant dans la saison. Elle ne l’a pas passé, et se trouve aujourd’hui échouée en milieu de tableau avec un calendrier infernal à venir. Bien sûr, les circonstances du match ont été contraires, avec un paquet de blessures qui ont obligé à faire du coaching bien trop tôt et ont épuisé nos remplaçants, alors que le banc XXL de l’ASM arrivait frais comme une brise marine au matin. Mais ce match a soulevé des questions qu’on se pose depuis un bon moment : d’abord sur l’organisation et l’implication en défense. Il n’a pas fallu attendre la fin du match pour voir notre rideau se faire trouer facilement. Certes, Lopez n’est pas un grand défenseur, mais Brock James ne l’a jamais été, et Clermont sait s’organiser en conséquence. Un problème d’implication collective aussi : sans aller jusqu’à parler d’âme ou de spiritualité, le contraste avec l’implication et l’organisation des Grenoblois face à Toulouse était saisissant.
Beaucoup reprochent à notre staff de négliger les bases pour proposer un jeu trop ambitieux : la mêlée va mieux, oui, mais le jeu d’avants et la défense restent en effet trop irrégulière. On a l’impression que l’équipe ne sait pas à la fois s’envoyer défensivement et jouer. Le gros match défensif de Toulon fut fait dans un cadre où la seule mission était de s’accrocher pour ne pas en prendre cinquante. Dès que l’USAP n’est pas dans cette position, dos au mur avec le couteau sous la gorge, elle semble tergiverser.
On pourrait parler de manque de maturité, mais on ne voit pas vraiment de progrès sur ce point. Bien sûr, l’USAP n’a pas l’effectif de l’ASM, mais justement, le staff a-t-il les moyens humains de son projet de jeu ? La question se pose : Jacques Brunel avait su adapter ses idées au groupe qu’il avait sous la main au bout d’un temps d’adaptation. Pour nos coachs, cela semble plus difficile, il est vrai dans un contexte bien plus relevé.
Quoiqu’il en soit, l’USAP se retrouve mal en point, très diminuée, et face à un calendrier qui l’oblige désormais à regarder avec insistance dans son rétroviseur. C’est là qu’elle aura besoin de nous, pour que ces vents mauvais tournent enfin et nous amènent en bon état au printemps !
 
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