TOP 14 - USAP-CLERMONT / DU FOND DU CLASSEMENT AUX PORTES DU TOP 6 : PERPIGNAN, L'IRRÉSISTIBLE ASCENSION
PARRAPHAËL BROSSE
PUBLIÉ 10/05/2024 À 15:15 GMT+2
Après deux saisons à l'issue desquelles il s'était sauvé in extremis, Perpignan paraissait à nouveau condamné à lutter pour son maintien en 2023-24. À quatre journées du terme de la phase régulière, les Sang et Or sont cependant septièmes, à l'affût d'un ticket pour la phase finale. Ils sont portés par une série en cours de cinq victoires d'affilée, qui ne doit rien à la chance, ni au hasard.
La joie des Perpignanais après leur victoire à Castres, le 31 décembre 2023. / Top 14
Crédit: Getty Images
Un aspirant à la phase finale d'un côté, une équipe davantage préoccupée par son maintien de l'autre. Voilà comment résumer, en une ligne, le duel d'ouverture de la 23e journée de Top 14, qui mettra aux prises Perpignan et Clermont ce samedi après-midi (15h). Les rôles sont définis, mais ils ne sont pas ceux auxquels on pensait il y a encore quelques semaines. Les Jaunards, qui sortent d'une défaite frustrante chez les Sharks en demi-finale de Challenge Cup (32-31), pointent à une peu reluisante onzième place et restent sous la menace de Montpellier (13e). Et ce sont les Catalans, septièmes, qui peuvent caresser le rêve d'une participation aux barrages.
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0 POINT APRÈS QUATRE JOURNÉES
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DU RÊVE AU CAUCHEMAR : CLERMONT RENVERSÉ PAR LES SHARKS
04/05/2024 À 18:32Les voir à pareille fête, à quatre journées de la fin de la saison régulière, constitue une sacrée surprise. Car depuis son retour dans l'élite du rugby français, il y a trois ans, l'USAP n'a longtemps eu d'autre horizon que la lutte pour le maintien. En 2022 comme en 2023, les Sang et Or ont terminé au treizième rang, devant par conséquent jouer leur survie à l'occasion de l'access match disputé sur le terrain du perdant de la finale de Pro D2. Ils y sont parvenus, aussi bien face à Mont-de-Marsan (16-41) que contre Grenoble (19-33). Mais ils voulaient à tout prix éviter l'angoisse de ce rendez-vous couperet en 2024.
Jake Mcintyre et Perpignan ont battu Bayonne en Top 14.
Crédit: Getty Images
C'était plutôt mal parti. Après quatre matches de championnat et autant de défaites sans appel, les Perpignanais étaient bons derniers, sans le moindre point au compteur. Le spectre d'un nouvel exercice galère, passé à batailler dans le bas-fond du classement, paraissait bien présent. D'ailleurs, le club des Pyrénées-Orientales est resté lanterne rouge jusqu'à mi-novembre. Il était encore avant-dernier début mars. Avant une folle série de cinq victoires d'affilée, lui permettant d'atteindre des hauteurs qu'il n'avait plus tutoyées depuis des lustres.
ADN JOUEUR, DISCIPLINE ET RIGUEUR
Cette superbe dynamique positive - qui ne demande qu'à se poursuivre ce samedi - ne tombe évidemment pas de nulle part. Elle est, en grande partie, à mettre au crédit de Franck Azéma. Au printemps 2023, le technicien de 53 ans annonçait son intention de quitter Toulon pour retrouver sa Catalogne natale, lui qui est originaire d'Arles-sur-Tech. Il a pris le relais de Patrick Arlettaz au poste de manager, le staff restant inchangé. Le champion de France 2017 avec Clermont n'a pas dérogé à la philosophie de son prédécesseur (désormais entraîneur chargé de l'attaque du XV de France), qui a toujours souhaité que son équipe s'en sorte en produisant un jeu séduisant.
Franck Azéma, manager de Perpignan. / Top 14
Crédit: Getty Images
De fait, cette année encore, l'USAP est fidèle à son ADN, qui cherche à faire vivre le ballon d'un bout à l'autre du terrain avec beaucoup de vitesse et laisse une grande liberté d'actions aux trois-quarts. Sous les ordres d'Azéma, de David Marty (entraîneur en chef) et de leur staff, les Arlequins ont cependant franchi un palier significatif en conquête, même si leur touche n'a pas toujours été d'une grande fiabilité. Ils sont aussi beaucoup plus rigoureux et disciplinés en défense, ce qui traduit une réelle progression par rapport au temps où ils étaient régulièrement plombés par des cartons jaunes ou rouges.
AIMÉ-GIRAL, CITADELLE DEVENUE IMPRENABLE
L'effectif catalan a aussi été bonifié par l'apport des recrues estivales. De Tavite Veredamu, deuxième meilleur marqueur d'essais du Top 14 (11 unités) à Tommaso Allan, buteur d'une grande fiabilité face aux perches, en passant le pilier italien Pietro Ceccarelli et les troisième-ligne Patrick Sobela et Jacobus van Tonder, la plus-value apportée s'est fait ressentir dans tous les secteurs. Et si l'on y ajoute la puissance du néo-international français Posolo Tuilagi, la vista de l'Australien Jake McIntyre ou encore la grinta du capitaine Jeronimo de la Fuente, on obtient un collectif suffisamment compétitif pour embêter bon nombre d'écuries du championnat.
Louis Dupichot (Perpignan) face au Racing 92 en Top 14.
Crédit: Getty Images
Cela s'est vérifié sur le pré. Surtout à domicile, où les Sang et Or restent sur neuf succès de rang, dont certains très probants contre Bayonne (36-10), Castres (43-12) ou Lyon (51-20). Même le Racing 92, La Rochelle et Toulouse ont chuté à Aimé-Giral, qui est devenu une citadelle imprenable. Autrefois quasiment incapables d'exister loin de leurs terres, les partenaires de Tom Ecochard se sont imposés à trois reprises à l'extérieur cette saison. Ce fut notamment le cas à Oyonnax (14-15) et Montpellier (20-25), les deux derniers du classement. Rien de tel pour s'éloigner de la zone dangereuse.
Au GGL Stadium, fin avril, les protégés d'Azéma et de Marty ont en outre pu compter sur le soutien de leurs supporters, qui étaient venus en nombre dans l'Hérault. Toujours prompt à s'enflammer, le public perpignanais agace parfois les observateurs externes, en raison de son chauvinisme assumé et de son caractère turbulent. Mais l'ambiance incandescente qui règne à Aimé-Giral, souvent à guichets fermés, est un réel atout pour les locaux. "Je pense qu'ils peuvent être fiers d'avoir un tel public. C'est agréable de jouer dans une enceinte comme ça", avait même salué, beau joueur, Ugo Mola, l'entraîneur du Stade toulousain.
Portée par sa folle dynamique, son jeu spectaculaire et la ferveur de ses supporters, l'USAP parviendra-t-elle à se glisser dans le Top 6, synonyme de participation à la phase finale ? "On sent qu'il y a une grosse euphorie autour de nous, tout est exacerbé ici, mais en interne, on veut rester mesuré", a temporisé Azéma dans les colonnes de L'Equipe. Les Sang et Or (53 points) ne devront pas faiblir d'ici la fin de la saison régulière, et seront tributaires d'un faux-pas de Toulon (6e, 55 points) ou de La Rochelle (5e, 56 points), deux clubs autrement mieux armés. Mais qui sentent désormais, dans leur dos, le souffle brûlant de la furia catalane.
