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Derrière Le Sourire De Sione - Lindependant.fr

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Rendez-vous est pris à Aimé-Giral. En cette matinée printanière du mois de mars, l’entraînement vient de se terminer et Sione Piukala attend patiemment au pied de la tribune Vaquer. À ses côtés, Lifeimi Mafi. On... Lire la suite

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Le trois-quarts centre Sione Piukala se livre, sans ambages, avant le derby à Narbonne dimanche (14h15).

Rendez-vous est pris à Aimé-Giral. En cette matinée printanière du mois de mars, l’entraînement vient de se terminer et Sione Piukala attend patiemment au pied de la tribune Vaquer. À ses côtés, Lifeimi Mafi. On n’est pas surpris, ces deux-là sont inséparables. Arrivés à l’USAP la même année (2012), ils sont tous les deux Tongiens et trois-quarts centre. Évidemment, ça rapproche. Qui de mieux placé, dès lors, que l’aîné des îliens sang et or (34 ans) pour évoquer la saison de Sione Piukala, meilleur marqueur de Pro D2 avec onze essais au compteur? «Je suis très heureux de ce qu’il accompli. Mais je ne suis pas surpris. Je le connais très bien. Il peut exprimer son potentiel quand il a confiance et qu’il enchaîne les matches.»

Ce qui n’était pas le cas la saison dernière. Sélectionné pour la Coupe du monde puis gêné par une blessure au genou, l’international Tongien n’a disputé que huit rencontres avec l’USAP.

Débarrassé de ses ennuis physiques, Piukala (31 ans, 1,80 m, 100 kg) s’épanouit enfin. Et sa réussite réjouit à peu près tout le monde du côté d’Aimé-Giral, où ses qualités humaines sont largement appréciées. «Même quand il marque un doublé il va mettre l’équipe en avant, lance l’arrière Julien Farnoux. C’est vraiment un super mec.» Discret, voire timide, mais éminemment respecté.

«Il ne parle pas beaucoup, aussi à cause de la barrière de la langue, note Mafi. Mais quand il le fait, il trouve toujours les bons mots. Il est honnête, loyal et quand il connaît bien les gens, c’est un mec marrant.»

Dont le parcours sort de l’ordinaire. Né au Tonga, il a suivi ses parents, émigrés en Australie, à l’âge de deux ans. «Je suis retourné à l’école au Tonga à 15 ans. Mon père m’y a renvoyé pour que je m’imprègne de la culture, souligne Piukala, chrétien pratiquant. Le talent pour jouer au rugby m’a été donné par Dieu. C’est lui qui m’a conduit ici. C’est ce que mon père m’a enseigné et ce que j’enseigne à mes enfants.»

Père de quatre enfants

Le rugby est l’autre fil conducteur de son existence. «C’est la seule chose qui ait du sens pour moi. J’en regarde à longueur de temps à la télé. Un peu moins maintenant puisque j’ai quatre enfants.» Un garçon Sepesi (dix ans) et trois filles, Vainé (huit ans) et les jumelles Tiaré et Sian (deux ans). Ces deux dernières sont nées à Perpignan. «Mes enfants parlent français mieux que moi, sourit-il. Ils sont à l’école ici, mais la famille leur manque. On adore Perpignan mais ce n’est pas facile. C’est pareil pour ma femme, Devina.»

Au contraire des anciens sang et or Kisi Pulu ou Henry Tuilagi, Piukala ne s’éternisera pas à Perpignan une fois sa carrière terminée. Il rentrera en Australie. Son père y travaille dans le négoce du bois et sa mère y est infirmière. Ses deux frères, âgés de 24 et 26 ans, sont charpentiers et jouent au rugby à Eastwood, équipe semi-professionnelle du championnat de Sydney. Celle-là même où évoluait leur aîné avant de prendre la direction de Perpignan en 2012 à la demande de Marc Delpoux. «Je n’ai commencé à jouer en pro qu’à 27 ans, reprend-il. J’ai envie de continuer encore longtemps. J’ai pensé un moment que je n’aurais pas ma chance.»

C’est peut-être pour ça, aussi, que Piukala «a toujours le sourire», comme le note Farnoux. Conscient de sa chance de vivre de sa passion. «Sione, si t’as besoin d’un conseil, tu peux aller le voir, avance l’ancien Clermontois. Mafi et lui échangent beaucoup avec Adrea (Cocagi), ils lui donnent beaucoup de conseils, comme à Jens (Torfs).» On a connu pire comme tuteur. Les jeunes trois-quarts de l’effectif devraient pouvoir en profiter encore un peu. Piukala s’est donné une mission avant de quitter l’USAP. «Je veux ramener le club en Top 14. Quand on est descendus, j’ai senti qu’il était de ma responsabilité de le faire remonter.» Le chemin le plus court passe par une victoire dimanche, à Narbonne.
 
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