La vérité Dominici, il fait pitié...
Dans l'équipe:
BÉZIERS (HÉRAULT) – Dans le train qui le ramenait ce mercredi matin à Paris, Christophe Dominici était encore marqué, touché, un rien désabusé. « On a échangé pendant une heure trente, rapporte Yannick Pons, son complice et associé dans le projet avorté de rachat
de l’ASBH, et il a pleuré pendant une heure. »
Avorté, vraiment ? On n’en est plus tout à fait sûr. Mardi en tout début d’après-midi, les présidents de Béziers, Pierre-Olivier Valaize et Cédric Bistué, ont pourtant accepté le projet de rachat porté par le promoteur immobilier Louis-Pierre Angelotti, l’un des actionnaires, et René Bouscatel, au détriment de celui que Christophe Dominici défendait depuis deux mois et demi aux côtés d’investisseurs émiriens. Un projet qui avait vu le jour grâce à son ami Yannick Pons, exploitant viticole local, qui l’avait mis en relation avec les responsables de la
société Sotaco International, spécialisée dans la construction de bâtiments, et avec l’avocat et ancien secrétaire d’État aux Sports
Thierry Braillard. Le communiqué du club fut d’ailleurs sans équivoque : « Contrairement aux nombreuses déclarations médiatiques, à ce jour aucun élément crédible n’a été communiqué à l’avocat de la SASP Béziers Rugby, maître Frédéric Simon. Les présidents et la majorité des actionnaires viennent donc d’accepter un vrai projet, biterrois, concret et réaliste. »
Une décision qui n’a pas plu à tout le monde, ni à Christophe Dominici, ni aux supporters, ni au maire, Robert Ménard, qui s’est exprimé lors d’une conférence de presse, hier après-midi à l’hôtel de ville : « J’ai découvert mardi matin, à 7 heures, que MM. Angelotti et Bouscatel avaient été choisis par le club. Je n’ai pas approuvé, je n’ai pas à le faire, j’ai simplement pris acte de la décision. J’ai tout de même regretté d’avoir eu connaissance de l’information à 7 heures du matin. J’ai également regretté, alors que les engagements financiers promis par les investisseurs représentés par Christophe Dominici étaient censés arriver le lendemain, que le club n’ait pas jugé bon de patienter quarante-huit heures. Il me semblait alors absurde de choisir, d’éliminer un candidat sans s’autoriser ce temps-là. Après des mois de négociations, on n’était sans doute plus à quarante-huit heures près… »
Tout le problème vient de là, de cette précipitation à conclure un dossier qui traînait depuis près de trois mois. « Si l’on a procédé de la
sorte, explique Yannick Pons, c’est-à-dire envoyer une lettre d’intention lundi, puis des garanties mercredi, c’est parce que l’on a eu
un ultimatum des dirigeants vendredi dernier. On n’a eu que cinq jours pour faire un audit. C’était impossible. Mais ces garanties, elles
existent, il n’y a pas de problème d’argent dans notre projet, et ils le savaient bien. »
Le maire promet de tout faire pour mettre tous les acteurs autour d’une table, « le plus rapidement possible ». « On doit s’écouter, dit-il, sinon on va être la risée du monde du rugby. J’ai besoin d’éclaircissements. De chaque côté, il y a eu des maladresses. Je vais essayer de recoller les morceaux, jouer la carte de la conciliation, du compromis, de la bonne foi. »
Christophe Dominici va-t-il revenir au jeu ? « On ne lâchera pas, c’est sûr, promet Yannick Pons. Par contre, il n’y aura pas de consensus. On ne peut pas travailler avec des gens comme eux. Ce sera eux ou nous. Il y a dix ans qu’ils sont là. S’ils avaient réussi, le club ne serait pas dans cette situation. Ils sont juste parvenus à diviser tout le monde. »
Reste à savoir si Dominici et ses partenaires seront en mesure de prouver rapidement leur bonne foi. « Mais si on savait qu’il n’y avait pas d’argent derrière, vous croyez que l’on serait là ? interroge Pons. Vous croyez que l’on a du temps à perdre ? Vous croyez que Frédéric Michalak serait venu ? Que Ma’a Nonu serait venu ? Que Benjamin Fall serait venu ? Et puis c’est quoi une garantie bancaire ? Un million ? Deux millions ? Vingt millions ? Il faut montrer quoi ? Signer le rachat, c’est déjà sept millions d’euros pour combler le déficit. Ce n’est pas une garantie, ça ? »
C’est ce que chacun aimerait vite savoir. Connaître, aussi, le projet porté par René Bouscatel. Robert Ménard a promis de tout faire pour réunir tout le monde dans la semaine. Mais aura-t-il toutes les réponses aux questions que tout le monde se pose ?