Quand il est arrivé de Narbonne en 2007, Julien Candelon a mis du temps à s’imposer à l’USAP. Charles Géli a également eu du mal à trouver ses marques. Les changements au sein d’un groupe demandent du temps d’adaptation, plus ou moins long selon les individus, et beaucoup de patience.

Avec sept nouvelles recrues alignées contre le Stade Français (7-29), la ligne de trois-quarts a été modifiée par rapport à la saison précédente. Il était difficile d’imaginer que la cohésion et les automatismes seraient au rendez-vous dès le premier match de l’USAP. Et en effet, cela ne s’est pas produit. Julien Candelon, arrivé à l’été 2007 en provenance de Narbonne, avec un statut d’international (2 sélections) et une réputation d’ailier redoutable, a connu cette période d’adaptation. Il l’a même mal vécue, n’arrivant pas à s’imposer immédiatement à l’aile de l’attaque catalane. « J’ai failli renoncer et demander à partir », se souvient-il. « J’étais arrivé avec un statut d’international, après deux belles saisons à Narbonne. Mais en arrivant à Perpignan, je n’étais pas prêt comme je l’aurais dû, et le doute s’est installé. J’ai failli partir… Il m’a fallu faire ce que j’aurais dû faire dès le départ, une introspection. Je me suis posé les bonnes questions. Pourquoi avais-je voulu porter le maillot de l’USAP ? » La renommée et le passé sportif ne jouent que peu dans la reconnaissance d’un nouveau venu. « Et c’est normal », poursuit Candelon. « Tant que tu n’as pas prouvé sous ton nouveau maillot ce que l’on attend de toi, tu peux être international, joueur à fort potentiel, il te faut faire tes preuves. Ton intégration passe par les performances. Tant que tu n’as pas prouvé, tu n’es pas complètement accepté par le groupe. Tu peux être drôle, sympa, déconnant, mais ta légitimité passe par tes prestations sur le terrain. »

Les nombreux changements effectués par l’USAP cet été obéissent à la logique des cycles. « L’USAP a vécu une fin de cycle avec un changement d’entraîneur et quelques départs de joueurs clés, » explique Candelon. « La préparation a été courte, il faut du temps pour trouver de la cohésion, des complicités. L’intégration collective ne s’achète pas. Tu ne peux pas payer pour ça, tu ne peux rien financer, c’est une question d’humain. Les entraîneurs doivent simplement trouver les bons ingrédients pour que ça fonctionne. Créer un cadre où chacun se sent à l’aise. »

Aujourd’hui, au sein de l’équipe de rugby à 7, Julien Candelon cherche à ce que les choses se fassent naturellement lorsque de nouveaux joueurs rejoignent le groupe. « L’intégration se fait de joueur à joueur, humainement. Si le cadre dans lequel évolue le groupe est conforme à celui qui a été défini, si les ingrédients sont justes, alors l’adaptation se fera plus rapidement. Mais à l’USAP, il n’y a pas d’urgence, l’équipe est en construction, il ne faut pas laisser transparaître l’impatience derrière tous les commentaires. »

Charles Géli, qui a joué à l’USAP de 2007 à 2012 et de 2019 à 2021, partage cette vision. « On ne réalise pas à quel point il est difficile de s’habituer à un nouvel environnement », assure-t-il. « Il y a la famille qui doit trouver ses marques, un nouveau logement à aménager, une école pour les enfants, des habitudes à changer. Et à l’entraînement, il faut faire connaissance avec de nouveaux coéquipiers, s’adapter à son nouveau club, à son nouvel environnement, comprendre ses particularités. Il faut être patient car il y a un temps d’adaptation incompressible. Et à Perpignan, la passion met beaucoup de pression sur le groupe. Les attentes sont élevées. Parfois trop. Il faut laisser du temps au temps. »

Charles Géli est convaincu que l’équipe sera plus compétitive après les deux mois de pause imposés par la Coupe du monde. « Parce que tout le monde aura eu le temps de mieux se connaître. L’USAP améliorera ses performances dans quelque temps. La saison ne s’arrête pas après la défaite contre le Stade Français. Il faut continuer à travailler. » Et faire preuve de patience en attendant des jours meilleurs. Julien Candelon et Charles Géli n’ont pas connu que le succès sous le maillot sang et or, ils attendent patiemment des jours meilleurs.

Source