Apisai Naqalevu (33 ans) est l’une des nouvelles recrues de l’USAP cet été. Le puissant centre fidjien, qui est revenu à son poids de forme, pourrait être la bonne surprise de la saison.

Quand il sourit, sa dent en or ne passe pas inaperçue. Apisai Naqalevu, surnommé « Api » par ses amis, est un joueur heureux depuis qu’il a signé à Perpignan. Installé au bord de la mer, il retrouve cette chaleur qui a réchauffé son enfance aux Fidji. « Je trouve même qu’il fait plus chaud ici », avoue-t-il. Il est né dans les montagnes de la province de Nataisiri, au cœur de l’île du Pacifique. Le stage à Font-Romeu lui a fait découvrir une Cerdagne plus proche des terrains de jeu de son enfance, lorsqu’il défiait ses petits copains du village de Botenaulu dans des matchs interminables, pieds nus. Il a parcouru du chemin depuis…

Révélé dans les compétitions de jeunes du Kaji rugby, qui regroupent toutes les catégories d’âge entre 7 et 14 ans, Naqalevu a intégré le prestigieux Ratu Navula College de Nadi, l’équivalent fidjien de nos centres de sport-études. Devenu policier, il part jouer à Suva, la capitale des Fidji, où il remporte la Digicel Cup, l’équivalent de notre championnat, et surtout la Sukuna Bowl, l’un des événements majeurs de la saison de rugby local, opposant les équipes de la police et de l’armée. Grâce à son explosivité au centre, il porte le maillot des Fiji Warriors, l’équipe B fidjienne, et des Sevens, avec lesquels il remporte le tournoi australien de la Gold Coast en 2014. Mais deux expériences au Sri Lanka lui donnent le goût du voyage. Il rêve d’imiter son idole, Seru Rabeni, ancien joueur de La Rochelle et de Mont-de-Marsan, puissant trois-quarts centre des Flying Fidjians. C’est dans les Landes, à Dax, qu’il pose ses valises après qu’une cassette de ses exploits a atterri sur le bureau de Jérôme Daret, le directeur sportif dacquois.

« Au début, c’était difficile », reconnaît Naqalevu. « Tout était nouveau pour moi, différent. Il a fallu que j’apprenne la langue, les habitudes. Je n’avais pas d’agent pour m’aider à m’installer, je ne comprenais pas tout ce qu’on me disait… » Après deux saisons à Dax et neuf essais marqués, il attire l’attention de Bordeaux-Bègles, où il signe en 2017. C’est là qu’il croise la route de Jacques Brunel, alors entraîneur de l’UBB. « Apisai est un joueur qui sort de l’ordinaire », se souvient Brunel. « On ne trouve pas souvent des centres de 115-120 kilos… Il faut des gars comme lui pour fixer les défenses au centre du terrain. À l’USAP, il peut remplir ce rôle, mais il faut pouvoir jouer derrière lui. Parfois, on aimerait le voir être plus dans la continuité… » On peut faire confiance à Franck Azéma, qui l’a fait venir de Clermont où il l’a entraîné entre 2018 et 2022, pour faire de Naqalevu ce centre de fixation qui permettra aux Catalans d’effectuer leurs lancements d’attaque. « Nous lui avons fixé des objectifs », explique le manager de l’USAP. « Notamment celui de retrouver son poids de forme. Il est un peu au-dessus aujourd’hui, mais il a fait de gros efforts pour atteindre cet objectif. Je le sens très heureux dans le groupe et nous espérons qu’il pourra donner le meilleur de lui-même avec nous. »

« Api » se dit également heureux depuis qu’il a rejoint Perpignan. « J’ai connu Franck à Clermont », conclut-il. « C’est important de se connaître. Il sait qui je suis et je sais ce qu’il attend de moi. C’est important pour la confiance. »

Pour anecdote, lorsque Naqalevu portait le maillot de Dax, il a joué deux fois à Aimé-Giral, en Pro D2. La première saison (2015-2016), il jouait contre David Marty ! La deuxième fois, il est venu gagner à Perpignan (14-16). À chaque fois, il a reçu un carton jaune. Le public catalan ne lui en tiendra pas rigueur s’il met autant d’énergie et d’envie sous le maillot de l’USAP…

* Rabeni est décédé d’une crise cardiaque en 2016 à l’âge de 37 ans.

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