Béatrice Bourgeois, Présidente de l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), s’est récemment exprimée dans une interview avec Sud-Ouest pour discuter des problèmes de dopage dans le rugby français, notamment liés à la cocaïne.
Elle explique d’abord que la consommation de cocaïne est sévèrement punie, avec des suspensions pouvant aller jusqu’à quatre ans. Voici ses propos :
« Elle fait partie des substances non spécifiées, c’est-à-dire celles qui donnent lieu aux suspensions de principe les plus importantes : quatre ans. Dans la liste internationale des substances interdites, il y a les substances qui le sont en compétition et hors compétition, et celles qui ne le sont que pendant les compétitions. La cocaïne fait partie de cette deuxième catégorie. »
Bourgeois précise que les joueurs de rugby français ne bénéficient pas de traitements différents par rapport à d’autres sportifs. Elle souligne que la cocaïne n’est interdite qu’en période de compétition en raison de ses effets stimulants à court terme, mais aucune étude n’a prouvé son impact sur la performance en dehors des compétitions.
Elle continue en mettant en lumière un problème croissant lié à la consommation de cocaïne dans le rugby français :
« Ce que je peux vous confirmer, c’est qu’on voit tout à fait qu’il y a un vrai problème dans le rugby s’agissant de la cocaïne. Qu’il se joue à 7, à XIII ou à XV. On le voit d’ailleurs de plus en plus. En 2023, nous avons eu sept cas positifs à la cocaïne : cinq étaient issus du rugby. En 2024, à date, il y a quatre cas : les quatre viennent du rugby. Ça questionne. »
Elle souligne cependant que l’AFLD est limitée par le cadre légal du code du sport et de l’Agence mondiale antidopage, ce qui les empêche de mener des contrôles ou d’imposer des sanctions en dehors de la période de compétition.
Bourgeois a également mentionné l’intervention de Florian Grill, président de la Fédération Française de Rugby (FFR), qui a publiquement évoqué ce problème. Elle y voit un véritable « appel à l’aide », soulignant l’importance de renforcer la prévention et l’éducation dans le rugby pour sensibiliser aux dangers de la consommation de cocaïne.
Elle relativise toutefois l’idée selon laquelle l’augmentation de la consommation de cocaïne dans le rugby refléterait une tendance plus large dans la société. Pour elle, les cas observés dans le sport interrogent particulièrement, car ils représentent une proportion importante des tests positifs au dopage.
Enfin, elle explique pourquoi le joueur du Stade Rochelais, Oscar Jegou, n’a été suspendu que trois mois pour avoir consommé de la cocaïne, alors que la sanction standard est de quatre ans :
« La grille des sanctions est définie au niveau mondial. Je le répète, la sanction pour la cocaïne, c’est quatre ans ! C’est ce qu’on applique de manière majoritaire. Il y a effectivement dans le code mondial et le code du sport français un régime spécifique qui permet de diminuer énormément ce quantum pour le passer à trois mois lorsque deux conditions cumulatives sont réunies : quand on a la preuve que la cocaïne a été prise en dehors de la compétition, c’est-à-dire au plus tard la veille avant 23 h 59, et qu’il n’y a aucun lien avec la performance sportive. »
Elle précise également que cette sanction peut être réduite à un mois si l’athlète s’engage dans un protocole médical pour traiter son addiction. Ce sujet fait régulièrement l’objet de discussions au niveau international, notamment en ce qui concerne l’équité des sanctions.
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