Depuis 2021, David Marty, Salanquais pur jus, occupe le poste d’entraîneur à l’USAP. Homme discret, il n’est pas le plus grand communicant, mais son attachement indéfectible au club de Perpignan, combiné à son expertise acquise après une belle carrière internationale (37 sélections, 11 essais), lui permet de gérer un poste constamment sous pression. Surtout lorsqu’on est Catalan dans l’âme…

Samedi soir, casque vissé sur les oreilles, les bras croisés, il vivra intensément, comme à son habitude, le choc USAP-Toulouse. Toujours attentif au moindre détail. Mais qui se cache derrière celui qui fut le plus jeune entraîneur du Top 14 il y a deux saisons ? Lorsqu’il a accepté de prendre en charge l’équipe première de l’USAP aux côtés de Patrick Arlettaz, David Marty, surnommé « Zaza » par ses coéquipiers, savait à quoi s’attendre. « Ici, la pression, pour un Catalan, est multipliée par 200% », admet-il. Arrivé de Canet en juniors Reichel en 1999, il n’a jamais quitté le maillot azur de l’USAP. Rapidement promu en équipe première par Olivier Saïsset, qui appréciait son style de jeu combatif, intraitable en défense, il n’avait que 19 ans lorsqu’il a disputé son premier match à Aubenas. C’était le début d’une longue histoire avec son club de cœur. « Un bon gamin », se souvient Greg Le Corvec, son premier colocataire. « Un vrai guerrier sur le terrain. Il avait l’état d’esprit, le combatif, le compétiteur. Et puis il était très attaché au club. Un peu impulsif aussi… Normal pour un Catalan. » Le Corvec se rappelle qu’après une période d’observation, « Zaza » a commencé à donner son avis : « Et ce qu’il disait avait de l’importance ! C’est crucial pour un club d’avoir des joueurs comme lui… »

Un personnage à part

Christophe Manas a partagé 10 ans de sa vie avec David Marty. « Greg a eu le courage de le virer de sa chambre, plaisante-t-il. C’est moi qui me le suis coltiné. Je suis un gentil garçon… Quand il est arrivé parmi nous, il parlait en Salanquais, avec des mots assez colorés. Nous avons essayé de limiter ces expressions au fil du temps… » Les deux hommes, coéquipiers sur le terrain, sont devenus amis dans la vie. « Zaza, poursuit Manas, c’est un personnage à part. Il peut jouer les ours… Mais c’est un homme entier. On l’aime, ou on ne l’aime pas ! Au moins, avec lui, on sait à quoi s’en tenir ; pas de faux-semblants. Il est direct ! Quand on commence à discuter avec lui, naturellement silencieux, on découvre quelqu’un d’intelligent, dont la profondeur des propos peut surprendre. Il est réfléchi, très à l’écoute. » Ce sont ces qualités qui ont permis à « Zaza » de mener une belle carrière.

Un passionné du jeu de mouvement

International à 37 reprises, il a remporté 30 matchs en bleu et inscrit 1 essai, dont un doublé pour sa première sélection contre l’Italie, à Rome. Ce jour-là, il formait la paire de centres avec Yannick Jauzion, une légende du rugby français. « Il a su répondre présent lorsque l’occasion s’est présentée, raconte le Toulousain. Il était très concentré sur son jeu. Il avait de solides notions de défense collective. Il ne s’écartait jamais trop vite pour ne pas laisser d’espaces. Et puis Zaza était rapide, ce qui lui permettait de profiter de sa vitesse en tant que deuxième centre. Nous nous entendions bien. C’est pourquoi nous avons joué la Coupe du Monde 2007 ensemble. »

Sa carrière de joueur s’est achevée un peu trop tôt à son goût, alors il s’est tourné vers l’entraînement. « J’aimais échanger avec les joueurs plus jeunes, leur donner des conseils, explique-t-il. Je voulais partager mon savoir. » À la tête des Espoirs de l’USAP, champions de France en 2017, il a fait ses preuves.

Il a perfectionné sa formation avec l’équipe de développement des moins de 20 ans français, aux côtés de Sébastien Bruno. « Il a intégré le staff national en toute discrétion, se souvient l’ancien talonneur international, aujourd’hui en charge des avants de La Seyne-Carqueiranne. Il observait le fonctionnement puis commençait à proposer certaines idées. Il aimait les joueurs qui se donnaient à fond. Moi aussi. Sans aucun doute, notre culture du rugby méditerranéen… Il voulait un jeu de mouvement, basé sur le déplacement. Nous nous sommes bien entendus. »

« L’USAP est mon club »

Ainsi, « Zaza » s’est lancé dans l’aventure de l’entraînement de l’équipe première. Christian Lanta et Patrick Arlettaz lui ont offert cette opportunité à l’été 2021. « Il a toujours été passionné par le jeu, la tactique, conclut Christophe Manas. Il a pris le temps de se former, sans brûler les étapes. Il a entraîné les jeunes, puis les Espoirs, le centre de formation. Pour un club comme le nôtre, la formation des jeunes talents est cruciale. Par rapport à ses besoins et ses moyens, l’USAP doit former ses propres joueurs. Et « Zaza » maîtrise parfaitement ce processus de formation. Il est totalement investi dans sa mission. » Manas sait que lorsque Marty a été nommé, il y a trois saisons de cela, certains ont émis des doutes. Marty n’avait pas le glamour habituel. « C’est un travailleur, réplique Manas. Et que le public catalan se rappelle que le staff en place, composé d’anciens joueurs de l’USAP, est pleinement engagé dans son travail. Avec des ressources et des salaires bien inférieurs à ceux des autres clubs. Je suis heureux de voir que les victoires actuelles récompensent leur engagement. »

Christophe Manas et les autres espèrent que la belle série à domicile se poursuivra face aux redoutables Toulousains. « L’USAP est un club avec une pression énorme, encore plus que d’autres. Moi, en plus, je suis Catalan. Perpignan est ma ville, et l’USAP est mon club. Je veux encore moins que les autres que nous échouions. Je me mets une pression encore plus grande que nécessaire, mais c’est comme ça… » C’est ainsi que « Zaza » s’exprimait peu avant d’affronter le champion en titre toulousain…

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