Après 14 journées, l’USAP pointe à la 11e place. Une position que personne n’osait espérer après les neuf premiers matches. Mais les Catalans se sont repris en main et ont remporté quatre de leurs cinq derniers matches. Retour sur cette métamorphose qui a tout changé.

Et puis d’un coup, l’USAP a ressuscité. Avec un bilan de deux victoires en neuf matches et accusant un retard de huit points sur la 12e place, cette équipe semblait déjà condamnée à jouer, au mieux, l’access-match. Mais c’était sans compter sur l’orgueil de cette USAP-là. Du groupe de Franck Azéma qui s’est offert une sacrée remontada. En cinq rencontres, les Catalans ont empoché 18 points. Ce qui fait d’eux la meilleure équipe du Top 14 depuis un mois et demi avec le Stade Toulousain et l’Union Bordeaux-Bègles. Remarquable.

Un recrutement réussi

Et il y a plusieurs explications à cela. La première, qu’on ne cesse de répéter depuis des semaines, ç’a été le retour de la Coupe du monde des cadres et des internationaux. Les leaders que sont Jerónimo de la Fuente, Seilala Lam et Afusipa Taumoepeau avaient cruellement manqué dans le groupe. Aussi, le recrutement de Franck Azéma s’avère efficient. Le pilier droit Pietro Ceccarelli, les deuxièmes lignes Marvin Orie et Mathieu Tanguy, les troisièmes lignes So’otala Fa’aso’o, Patrick Sobela et Jacobus van Tonder, l’ailier Tavite Veredamu et l’arrière Tommaso Allan sont indétrônables dans les 23 types du manager catalan. Tandis que le talonneur Ignacio Ruiz, le pilier droit Nemo Roelofse et l’arrière Louis Dupichot commencent à montrer leurs atouts et deviennent de plus en plus intéressants. Finalement, il n’y a que le centre Apisai Naqalevu et le polyvalent Jean-Pascal Barraque qui n’ont pas conquis.

Mais parmi tous ces joueurs recrutés, plusieurs ressortent désormais comme des leaders de jeu et du vestiaire. Le deuxième ligne champion du monde sud-africain Marvin Orie est même l’un des capitaines de touche, quatre mois seulement après son arrivée. Des joueurs comme ça, avec 16 sélections chez les Springboks et qui font partie du squad à part entière depuis plusieurs saisons, cela faisait longtemps que l’USAP n’en avait pas attiré. Et Orie, joueur discret offensivement, est une machine à broyer en défense et un poison dans les rucks grâce à ses coups de malice. Comme Patrick Sobela. Comme So’otala Fa’aso’o. Comme Jacobus van Tonder. Comme tout autant de joueurs qui font que l’USAP est la meilleure équipe du championnat dans le secteur des rucks. Encore contre le Racing 92 samedi dernier (victoire bonifiée 26-5), les Catalans ont écœuré leur adversaire en récupérant six ballons dans des zones clés.

Une défense retrouvée

Si les hommes de Franck Azéma parviennent, aussi, à gagner de plus en plus de matches, c’est qu’ils encaissent beaucoup moins de points. En cinq rencontres, les Catalans en ont pris 76. Dont 36 sur le match à Lyon. Ce qui fait que sur les succès face à Bayonne (36-10), Castres (17-13), Oyonnax (27-12) et le Racing 92 (26-5), ils ont encaissé très peu de points (10 en moyenne). Ce qui change radicalement avec le début de saison où l’USAP tournait à 36 points par match dans la musette. Beaucoup, beaucoup trop. Mais sous la houlette de Gérald Bastide, les sang et or ont considérablement bossé la défense pendant la trêve Coupe du monde, puis au fil des semaines, et les résultats se font voir : le rideau défensif catalan est redevenu solide et craque moins facilement. Même si, ce qui est paradoxal, les joueurs manquent encore leurs premiers plaquages. À ce stade de la saison, l’USAP est toujours la plus mauvaise élève en termes de plaquages purs.

Une conquête à revoir

Ce n’est pas forcément une surprise d’évoquer la conquête dans les points à corriger pour l’USAP. Après 14 journées, le club catalan est l’équipe la moins performante en touche et en mêlée. Si pour la mêlée, ce n’est pas ce qui saute le plus aux yeux, la touche en revanche… Depuis plusieurs semaines, l’alignement catalan perd un nombre incalculable de ballons en touche. Alors si tous les protagonistes se défendent à dire que ce n’est pas une science exacte et que ce n’est pas toujours mauvais, les statistiques parlent d’elles-mêmes. Encore face au Racing samedi dernier, 7 lancers sur 13 ont été perdus, dont 6 en fin de match. À ce niveau, on l’a vu à Lyon (défaite 36-24), ce n’est pas possible. C’était passé à Castres (victoire 13-17), ça n’a finalement pas eu d’incidence contre les Franciliens, mais l’USAP doit absolument corriger ça. Surtout que c’est d’autant plus frustrant quand on voit que, cette saison, le paquet d’avants est monstrueux dans les collisions et dans le combat. Et il surprend, chaque semaine, ses adversaires par son agressivité de tous les instants. Mais ce n’est pas encore ça en termes de conquête au sens noble du terme.

Hors de la zone rouge depuis un mois

Parce que oui, le plus important, aujourd’hui, c’est d’être en dehors de la zone rouge. L’USAP l’est depuis la 12e journée et la victoire contre Oyonnax (27-12). Avec six points d’avance sur Montpellier (dernier) et quatre sur Oyonnax (13e), Perpignan respire et possède un petit matelas de confort. Friable à tout moment, mais qui a le mérite d’exister. Aujourd’hui, les hommes de Franck Azéma doivent garder cette dynamique et la tête hors de la zone de relégation. Pour cela, ils devront conserver les bonnes choses montrées depuis décembre, tout en corrigeant ces problèmes de conquête. Avec tous les voyants au vert, cette USAP pourrait s’offrir un printemps moins stressant que les précédentes saisons. En tout cas, elle a son destin entre les mains…

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