Derrière le transfert de Melvyn Jaminet de l’USAP vers le Stade Toulousain en 2022, une série de révélations troublantes éclaire les coulisses d’une transaction pour le moins inhabituelle. Un montage financier complexe, impliquant un ancien avocat, Arnaud Dubois, et des sociétés liées au Stade Toulousain, suscite aujourd’hui des interrogations majeures. Retour sur une affaire qui pourrait bien secouer tout le paysage du rugby français.
450 000 € pour jouer à Toulouse : un choix risqué pour Jaminet
Le 21 juin 2022, le Stade Toulousain officialisait le recrutement de Melvyn Jaminet, alors âgé de 23 ans, avec un contrat de trois ans. Mais derrière ce transfert se cache une réalité surprenante : le joueur, à l’époque révélation du XV de France, a dû payer 450 000 € de sa poche pour se libérer de son contrat avec l’USAP, comme le stipulait une clause libératoire négociée en 2021.
Pour réunir cette somme colossale, Jaminet a contracté deux emprunts personnels, l’un de 150 000 € et l’autre de 300 000 €. Une situation rarissime dans le rugby professionnel, où les clubs se chargent généralement de compenser les indemnités de transfert. Selon plusieurs sources, le Stade Toulousain, déjà au bord du plafond de son salary cap, n’a pas couvert cette dépense directement, laissant le joueur s’endetter lourdement.
Un président qui se contredit
À l’époque, François Rivière, président de l’USAP, déclarait que « la somme due a été payée et même très bien payée par le Stade Toulousain ». Pourtant, il s’est ravisé par la suite, reconnaissant que l’indemnité avait été entièrement réglée par Jaminet lui-même. Cette contradiction alimente aujourd’hui les doutes sur les mécanismes financiers du transfert.
Selon Rivière, le joueur aurait pu se rembourser grâce à une prime de signature ou une augmentation salariale significative au Stade Toulousain. Mais ces hypothèses ne tiennent pas face à la réalité : la rémunération de Jaminet à Toulouse, environ 20 000 € mensuels, ne lui permettait pas de couvrir ses emprunts rapidement.
Un trou dans le montage financier ?
Les zones d’ombre s’accumulent. Pourquoi le Stade Toulousain n’a-t-il pas inclus ces 450 000 € dans une prime déclarée au salary cap ? Cette absence de compensation a-t-elle été délibérée pour éviter des sanctions réglementaires ? Aujourd’hui, même Didier Lacroix, président du Stade Toulousain, admet en privé qu’une somme pourrait être versée à Jaminet pour régulariser la situation. Mais comment justifier un tel paiement plus de deux ans après le transfert ?
La connexion Tahiti-Limoges et Arnaud Dubois
Le montage financier autour du transfert de Jaminet implique également des tiers inattendus. Parmi eux, Arnaud Dubois, ancien avocat au barreau de Limoges, aujourd’hui président du directoire du Biarritz Olympique. Une société nommée Pacific Heart, basée à Tahiti, aurait reçu environ 500 000 € du Stade Toulousain dans le cadre d’un contrat de développement à l’international. Cette somme correspond curieusement au montant des emprunts de Jaminet.
Cynthia Teinaore, gérante de Pacific Heart, déclare : « Ce contrat portait sur un projet autour des Fidji. Mais le Stade Toulousain a finalement abandonné. Je n’ai rien à voir avec ce transfert. » Pourtant, plusieurs sources indiquent qu’une partie de cet argent aurait pu servir à régler des obligations liées à l’indemnité versée par Jaminet.
Conflits d’intérêts et détournements présumés
Selon des témoins proches du dossier, Arnaud Dubois aurait joué un rôle clé dans ce montage financier tout en étant l’avocat de Jaminet et un conseiller rémunéré par le Stade Toulousain. Ce double rôle pourrait caractériser un conflit d’intérêts. Certaines sources évoquent même un détournement : une somme destinée à Jaminet aurait été interceptée au passage.
Et maintenant ?
Depuis novembre 2023, Melvyn Jaminet joue pour le RC Toulon. Mais il traîne toujours les conséquences financières de son passage à Toulouse. Ses crédits ne sont pas encore remboursés et son salaire a été divisé par deux après une suspension pour des propos racistes tenus en vidéo.
Le Stade Toulousain, de son côté, affirme coopérer avec la Ligue Nationale de Rugby dans une procédure en cours. Mais les doutes persistent sur l’utilisation des fonds versés à Pacific Heart et sur la responsabilité de l’ancien avocat Arnaud Dubois.
Cette affaire illustre les dérives possibles dans un système où les montages financiers complexes brouillent la transparence. Au centre de tout, un joueur sacrifié, des clubs aux stratégies discutables, et une Fédération qui devra peut-être tirer des conclusions pour éviter d’autres débordements.
Source : l’équipe
Et évidemment cela est vu d’un mauvais œil par notre justice et tous nos représentants…..exempts de tout reproche 🤢🤮