Le maire Rassemblement national de Perpignan a profité de ses vœux à la presse ce mercredi 24 janvier 2024 pour lancer l’alerte auprès des clubs sportifs professionnels de la ville sur l’impossibilité pour la commune d’assumer le financement global des équipements. Il leur demande de mettre la main à la poche « pour les investissements sur les équipements dont ils tirent des bénéfices ».

« La commune de Perpignan assume sa part mais on ne peut pas aller au-delà du raisonnable. Les clubs professionnels doivent prendre aussi leur part dans le financement de leurs équipements ». Le maire Louis Aliot a trouvé une ouverture ce mercredi matin lors de ses vœux à la presse pour lancer le débat et siffler l’arrêt de jeu concernant le budget de la commune alloué aux équipes élite de l’USAP et des Dragons Catalans.

« Ça devient un vrai challenge », lâche-t-il. « Le coût du sport professionnel dans une ville comme Perpignan s’affiche comme une complication supplémentaire. À Bayonne, à Brive, à Oyonnax, les clubs se payent leur pelouse, leur tribune… Ici, il faut qu’ils se posent la question « . Alors Louis Aliot sort les factures municipales. 15 millions d’euros d’un côté estimés pour construire la troisième tribune de Gilbert-Brutus avec espaces réceptifs. 1,6 M€ de l’autre pour refaire une pelouse hybride ou synthétique à Aimé-Giral cet été, outre les peintures, les sièges à rénover, les caméras de sécurité à installer… Un effort en nette progression, à hauteur de 1,84 M€ fin 2022 de subventions attribuées à l’USAP. Sans compter 3,8 M€ pour la construction de son centre d’entraînement à la Plaine des jeux. Le dédommagement versé au club pour ses prestations dans le cadre des missions d’intérêt général. Et encore 15 M€ sollicités par le XV catalan pour l’aménagement des tribunes et des loges.

« Si Aimé-Giral est géré par l’USAP ça me va très bien, quitte même à y organiser des spectacles »

« La mairie ne pourra pas porter ces investissements toute seule, d’autant plus que l’on a des associations sportives amateurs qui veulent être aidées et veulent vivre aussi », prévient l’élu. « Bien sûr que le rugby est particulièrement important pour la citoyenneté. Mais ces clubs perpignanais sont surtout des clubs départementaux et ça, on ne le dit pas assez. Ce blason sang et or est le club des villages. D’autres communes et d’autres partenaires vont devoir s’agréger et il faut aussi que l’Agglo s’en saisisse ».

Un appel du pied dirigé avant tout aux clubs pros eux-mêmes, avec lesquels la municipalité veut désormais entrer sur le terrain des négociations. « Il ne faut pas oublier que ce sont des entreprises commerciales », tacle Louis Aliot. « Si le stade Aimé-Giral est géré par l’USAP ça me va très bien, quitte même à y organiser des spectacles pour en tirer des revenus ». Le maire envisage ainsi avoir recours à la formule du BEA (bail emphytéotique administratif). À savoir une location des infrastructures à chacun des deux clubs phares de rugby, en leur laissant les coudées franches sur le fonctionnement afin d’en retirer une redevance au juste prix et surtout non susceptible de se faire « épingler » par la chambre régionale des comptes.

« Le rattrapage pour la troisième tribune de Gilbert-Brutus, qui est programmée depuis des années, on le fera. La Région et le Département vont nous aider, ils nous ont annoncé 2 M€ et 4,5M€, mais ils ont aussi des contraintes. Et ça reste une charge importante pour la commune. En revanche, les espaces réceptifs, juridiquement parlant, ça devient délicat. Les clubs doivent prendre en charge les investissements qui leur permettent de tirer des bénéfices. Je me méfie. On n’est plus il y a 30 ans en arrière, aujourd’hui tout est passé au peigne fin et la Cour des comptes étudie de près l’USAP. Il faut resserrer les boulons ». Le coup d’envoi est donné…

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