Le CA Brive évoluera en Pro D2 la saison prochaine. Ce n’est évidemment pas une surprise. Cela fait de longs mois que ce club joue avec le feu et se rapproche de cette zone incandescente. Au printemps 2021, il avait arraché son maintien lors de l’avant-dernière journée, grâce à un point de bonus défensif, décroché à domicile… face à Castres (28-33). Cependant, l’histoire ne se répétera pas, et Brive n’aura même pas réussi à se qualifier pour une finale, qui aurait lieu dans deux semaines, à Toulouse.

Samedi, il s’est incliné à domicile contre un CO qui n’a pourtant pas réalisé le match de l’année (13-16). Castres a été dominé en touche, en mêlée, et a écopé de trois cartons jaunes, jouant quelques minutes à treize, avec le centre Vilimoni Botitu en ouvreur dès le coup d’envoi. Mais Castres a gagné, profitant de l’extrême fébrilité des hommes de Patrice Collazo qui se sont pourtant offert un nombre incroyable d’opportunités.

« Je crois que c’est le match durant lequel on s’est procuré le plus d’occasions, a expliqué le manager du CAB. Au rugby, il faut de l’engagement, on l’a mis, et de la précision. » Ses joueurs ont manqué de précision dans le dernier geste. Pourtant, ils n’avaient pas le droit à l’erreur. Ils le savaient. Un peu plus tôt, Perpignan s’était imposé contre Toulouse (26-21). Et ils étaient en bonne forme, ayant battu coup sur coup Pau au Stadium (22-17, le 22 avril) et Montpellier à l’extérieur (26-27, le 6 mai).

Quand Davidson enterre son ancien club… L’espoir est beau, il fait vivre, mais en Top 14, ce sont les victoires qui rassurent et sauvent. En conférence de presse, Nicolas Sanchez, l’ouvreur argentin qui a rejoint le club en novembre en provenance du Stade Français, était persuadé que c’était à domicile que le CA Brive avait creusé sa tombe. Au Stadium, il ne s’est imposé qu’à quatre reprises en treize matches…

Le Castres Olympique a officiellement obtenu son ticket pour une nouvelle aventure en Top 14. Comme beaucoup d’équipes de ce championnat de plus en plus complexe, le club tarnais, finaliste de la dernière édition, a souffert cette saison et s’est procuré quelques belles frayeurs. Son changement d’entraîneur aura donc été bénéfique. En février, Pierre-Yves Revol, le président, avait décidé d’écarter Pierre-Henry Broncan et de le remplacer par Jeremy Davidson, viré quelques mois plus tôt, en octobre, de Brive…

L’histoire du sport est parfois cruelle. Au coup de sifflet final, on a vu le manager irlandais exploser de joie et serrer les poings. Le bon

goût de la revanche ? Pourtant, il a juré que ce n’était pas le cas : « Il n’y a aucun sentiment de revanche, mais parfois, c’est ainsi dans le sport. Cela me rend triste pour le club. C’est moi qui les ai fait monter. » C’était en 2019, après avoir remporté un match de barrage pour accéder à l’élite contre Grenoble (28-22). L’équipe n’est restée qu’une saison dans l’échelon inférieur. Cela avait également été le cas lors de leur avant-dernière relégation en 2012. Et c’est maintenant l’objectif à atteindre.

Ce n’est pas Simon Gillham, le président, qui l’a dit, mais son entraîneur Patrice Collazo : « La mission sera de faire remonter le club. » Va-t-il y parvenir ? Il n’a laissé planer aucun doute à ce sujet. « Cela fait cinq mois que je suis ici, mais j’ai l’impression que cela fait dix ans. Je suis arrivé en décembre. Nous avons commencé quelque chose, puis nous avons connu des difficultés, puis nous avons recommencé… Mais c’est encore trop fragile. J’ai signé un contrat de dix-huit mois », a avoué Collazo. Avant le match contre Pau, j’ai dit aux gars que j’aimais travailler avec eux, qu’ils étaient des joueurs à part qui vivent le rugby d’une manière qui me plaît, je leur ai dit que je serais là, que ce soit en Top 14 ou en Pro D2. J’aime aller jusqu’au bout des choses. » Les entraînements reprendront d’ailleurs le 1er juillet.

Brive a donc un entraîneur, et c’est déjà un bon début. Mais quels seront ses moyens ? Et qui composera le staff ? Gillham n’a pas pris la parole. Il y a quelques semaines, il avait toutefois juré que Ian Osborne, le discret propriétaire, ne partirait pas en cas de relégation. Et les joueurs ? On peut supposer que le nouveau CAB s’appuiera sur les jeunes qu’il a formés et qui ont montré de belles choses cette saison, malgré un contexte particulièrement tendu. On pense à Léo Carbonneau (18 ans), Mathis Ferté (19 ans) ou Tom Raffy (18 ans).

Sanchez, l’ouvreur argentin qui s’apprête à entamer la préparation de la Coupe du monde, a assuré qu’il avait très envie de poursuivre sa carrière. Acceptera-t-il de le faire en Pro D2 ? Samedi, il ne savait pas. L’avenir a également été évoqué avec Saïd Hireche, le capitaine, un troisième-ligne de 37 ans, en larmes lorsqu’il a fait le tour d’honneur avec ses coéquipiers. Il ne sait pas encore s’il sera joueur ou s’il rejoindra le staff technique.

« Nous verrons bientôt », a-t-il lâché lors de la conférence de presse, les yeux encore humides. Rien n’était décidé avant ce match. Une chose que je peux dire : j’aime ce club, il est dans mon cœur. Si je dois jouer pour essayer de remonter en Top 14, je le ferai. Et si je dois passer de l’autre côté pour le bien de l’équipe, je le ferai également, car je veux que le club retrouve rapidement sa place. Retrouver sa place et la maintenir, sans souffrir autant, sans attendre la dernière seconde de la dernière journée pour se maintenir. Le risque est trop grand.